Les Blessures spécifiques : Le Cyclisme

La Bobologie au quotidien, aux Editions IRBMS

Les blessures spécifiques : le cyclisme
SYNDROME
DE L’ESSUIE-GLACE

Sous ce terme original se cache
une dénomination plus scientifique
de Syndrome
de la bandelette ilio-tibiale.

a) Rappels anatomiques

D’une façon simplifiée,
cette bandelette ilio tibiale
est une large bande fibreuse
qui descend le long de la face
externe de la cuisse. En haut,
au niveau du bassin, elle correspond
à la prolongation d’un
muscle (Tenseur du fascia Lata),
mais également d’une
membrane (aponévrose
fémorale superficielle)
directement en relation avec
les muscles fessiers.
Cette bandelette est perceptible
sous la peau. Elle descend vers
le genou pour contourner sa
face externe et aller s’insérer
sur un relief osseux sur le
tibia (tubérosité
de Gerdy). Le rôle
de cette bandelette est de stabiliser
et renforcer le compartiment
externe du genou.

Lors des mouvements de flexion
extension du genou, l’insertion
basse pivote d’avant en
arrière sur la face externe
du tibia, et frotte contre la
tubérosité osseuse,
source d’inflammation
du tendon.

b) Description

Le début est souvent
insidieux, sous forme d’une
douleur modérée
sur la face externe du genou,
n’apparaissant qu’au
cours des longues sorties, lors
d’une fatigue importante,
des sollicitations soutenues,
mais ne laissant aucune trace
dès l’entraînement
fini. Puis la douleur
survient pour des kilométrages
de plus en plus faibles
,
et persiste après l’effort.
La douleur peut parfois réapparaître
lors de la marche ou la montée
des escaliers.

 

 

 

 

 

Cette douleur est souvent évoquée
comme étant inconstante
et déconcertante
, car
elle est perçue suffisamment
vive pour limiter l’entraînement,
mais disparaît presque spontanément,
autorisant dès le lendemain une
séance difficile sans qu’elle
ne réapparaisse !

L’examen médical recherchera
dans un premier temps l’absence
de signe ligamentaire ou méniscal.
Différentes manipulations permettent
d’évoquer le diagnostic,
dont le test de Renne qui consiste à
réveiller la douleur par un appui
unipodal genou fléchi à
30/40°.

Certaines anomalies morphologiques telles
que le genu varum/valgum représentent
des facteurs de risque, et devront être
identifiées pour envisager une
correction
orthopédique.

c)
Traitement et prévention

Comme toutes les tendinites, ce syndrome
est sensible à la physiothérapie
et anti-inflammatoires, associés
à un repos sportif relatif,
parfois une simple diminution du kilométrage
dans les stades précoces.

Comment prévenir ?
Cette bandelette est le lieu de convergence
de plusieurs tensions musculaires,
que ce soit lors des efforts ou pour
le maintien de l’équilibre.
Il faut assurer une bonne souplesse
de l’aponévrose fémorale
superficielle, par des étirements
adaptés du quadriceps, sans
oublier le grand fessier qui s’insère
aussi sur cette aponévrose
et contribue ainsi à sa plasticité.

Ce syndrome peut être aussi
révélateur d’une
technopathie, en rapport par exemple
avec une position ou une hauteur inadaptée
de la selle qui accentue l’angle
de fermeture du genou en flexion.
Il peut s’agir également
d’une rotation exagérée
du tibia sous le genou par des
cale-pieds mal réglés.

LES NEVRALGIES

a) Au niveau de la main

Il s’agit le plus souvent d’une
compression du nerf Médian,
plus rarement du nerf Cubital. Ces
deux nerfs cheminent sur la face antérieure
du poignet, pour se diriger vers la
main. Ils sont fléchisseurs
du poignet et des doigts, et donnent
la sensibilité cutanée
de la face palmaire de la main.
Le nerf Médian chemine au niveau
du poignet dans un canal inextensible,
fermé entre des reliefs osseux
et un large ligament fibreux (ligament
annulaire du carpe).

– Description
La compression du nerf va se manifester
par une sensation de fourmillement
et d’engourdissement dans les
doigts, parfois d’anesthésie.
Ces signes disparaissent spontanément,
ou grâce à des manoeuvres
simples comme « se secouer la
main » ou changer de position.
Ils réapparaîtront quelques
minutes plus tard, et lors de la sortie
suivante.

– Mécanisme
Plusieurs causes ont été
avancées. On incrimine parfois
une origine micro traumatique, par
la transmission des vibrations du
guidon sur la main. Ce mécanisme
est plus fréquent avec les
cadres de vélo en carbone (qui
transmettent les vibrations sans les
absorber), ainsi que dans certaines
régions de France où
le revêtement routier est granuleux.
Il peut s’agir d’un syndrome
canalaire, en rapport avec une compression
du nerf en regard du poignet, lors
de son passage dans une gouttière
fibreuse et musculaire.

Cette compression
ralentit la transmission de l’influx
nerveux, d’où l’apparition
d’une gêne sensitive et
motrice (gène déficit
moteur).
Le principal facteur déclenchant
reste une compression causée
par une mauvaise position de la main
sur le guidon, ou des appuis sur zones
anatomiquement sensibles. Plusieurs
positions sont délétères,
comme un poignet trop cassé,
en hyper extension, ou la compression
directe du nerf sur le cintre lors
de l’appui sur les poignées
de freins.

– Prévention
Le port de gants peut permettre d’atténuer
les effets vibratoires
Les compressions nerveuses peuvent
être évitées en
variant les points d’appui et
les positions des mains sur le guidon.
Si le traitement reste essentiellement
préventif, il doit être
réévalué en fonction
de la gêne occasionnée.
Parfois, une infiltration est nécessaire,
voire un traitement chirurgical pour
libérer le nerf de la pression
qui l’entoure.

b) Au niveau du périnée

Le mécanisme identique de
névralgie existe également
au niveau du périnée,
en rapport avec une compression du
nerf Honteux interne, suite à
un appui trop soutenu sur la selle.
Il s’agit souvent d’une
orientation incorrecte de la selle
(bec de selle par exemple). Il n’est
pas rare que la perte de sensibilité
cutanée intéresse l’ensemble
du périnée.

FRACTURE DE CLAVICULE

a) Description et réel
danger !

C’est l’une des fractures
les plus fréquentes en traumatologie
sportive
, et plus particulièrement
en cyclisme et triathlon. Elle est
généralement consécutive
à une chute en vélo
sur l’épaule.
La douleur siége classiquement
en regard de la face antérieure
de l’épaule, et sera
réveillée par la mobilisation
du bras ou la palpation de l’épaule
et de la clavicule. La gêne
fonctionnelle est très variable,
et dépend du caractère
déplacé ou non de la
fracture.
Les premiers gestes consistent à
glacer la lésion, mais aussi
à mettre le bras en écharpe,
d’une part dans un but antalgique,
et d’autre part pour immobiliser
l’ensemble de la ceinture scapulaire
et éviter les complications
immédiates. En effet, si la
fracture est déplacée,
le trait fracturaire peut être
saillant et blesser les tissus voisins
lors d’une mobilisation (lésion
des vaisseaux, des nerfs, ou de la
plèvre).

b) Evolution, Traitement

L’évolution est souvent
simple, la fracture consolide en trois
semaines environ.
Le traitement est orthopédique
pour les fractures peu ou pas déplacées,
en immobilisant la clavicule par des
anneaux et maintenir les surfaces
fracturaires côte à côte,
en exerçant une traction sur
la clavicule et l’épaule
vers le bas et l’arrière.
En cas de fracture déplacée,
le traitement chirurgical peut devenir
nécessaire par une ostéosynthèse
par plaque.
Il est fréquent que le sportif
reprenne son activité sans
attendre la fin du repos indiqué
par le médecin, ce qui l’expose
à certaines complications.

c) Complications

Le cal vicieux est fréquent,
généralement très
bien supporté, sans aucune
gène, même s’il
est parfois disgracieux, visible sous
la peau. Beaucoup plus rarement, s’il
s’accompagne d’un raccourcissement
de la clavicule. Le cal peut occasionner
une raideur à la mobilisation
de la ceinture scapulaire.
Une autre complication plus rare est
la « pseudarthrose »,
qui correspond à un défaut
de consolidation de la fracture, si
l’immobilisation n’a pas
été respectée.

ENDOFIBROSE ILIAQUE
EXTERNE

a) Mécanisme

Il s’agit d’un rétrécissement
du diamètre de l’artère
iliaque externe au niveau du bassin.
Cette artère est mobile. Elle
se courbe, se plie, à chaque
mouvement de flexion de la hanche
lors de l’effort de pédalage.
Ces plicatures induisent progressivement
un épaississement de la paroi
de l’artère, dont le
calibre diminue, ce qui gène
la circulation sanguine.

b) Description

La gène n’apparaît
classiquement qu’aux efforts
intenses, maximaux (sprint, parcours
en côte…), et disparaissent
lors du retour au calme. Plusieurs
sensations peuvent être décrites
par le sportif, comme une impression
de « grosse cuisse »,
de cuissard trop serré, une
perte de puissance dans une jambe
par rapport à l’autre,
plus rarement une douleur décrite
comme paralysante…
Par ailleurs, cette pathologie apparaît
plus fréquemment chez les cyclistes
ayant commencé leur activité
relativement tôt, dès
l’adolescence.
Des examens complémentaires
(Echo Doppler, artériographie)
peuvent objectiver la lésion.
Le test d’effort cherchera à
reproduire les symptômes.

c) Traitement

Un conseil préventif important
repose sur un réglage correct
de son vélo, en particulier
la hauteur et l’avancée
de selle. Toutes les positions qui
accentuent l’angle entre le
buste et les membres inférieurs
sont également des facteurs
prédisposants, tels que l’utilisation
trop fréquente du prolongateur,
ou les mains en position basse sur
les cocottes.
Un suivi médical spécifique
permet la détection des stades
précoces
, ce qui justifie
une fois de plus un bilan médical
rigoureux annuel. Le traitement curatif
relève de la chirurgie, lorsque
la gêne devient trop intense.

Lire aussi :

 

Dossier
: Le Cyclisme

Blessures dans le cyclisme
Diaporamas Traumatologie du Sport
Blessures dans le cyclisme
Auteur(s) : Dr Toon Cruyt / Version : 2011
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