
Bien s’hydrater, même avant d’avoir soif.
Les conséquences de l’hyperthermie maligne d’effort sont sévères car cette augmentation brutale de température corporelle à l’effort peut entraîner un décès par arrêt cardiaque.
Alors que le changement climatique entraîne une augmentation de la température moyenne et accentue l’exposition à la chaleur, il devient primordial de connaître les recommandations qui permettront de minimiser les dangers encourus par les sportifs ou les pratiquants d’activités physiques en France mais aussi dans le monde entier.
Diagnostic de l’hyperthermie maligne d’effort
Son diagnostic doit donc être évoqué lors de la survenue d’un malaise particulier pour une prise en charge adaptée précoce et salvatrice.
L’hyperthermie maligne d’effort est une urgence médicale mais elle doit être prise en charge dès la constatation des premiers signes sans attendre l’arrivée de secours. Elle doit donc être connue de tous, puisqu’elle met en jeu le pronostic vital.
Lorsque l’on est malade, le premier réflexe lorsque l’on n’est pas bien est de prendre sa température afin de se faire une idée sur la gravité du mal. Tout le monde connaît bien cet indicateur qui, au-delà de 40°, nous inquiète beaucoup et nous incite à appeler d’urgence son médecin. Mais, lors d’un effort, il est bien rare que l’on puisse prendre sa température, et c’est le début de malaises qui doit alerter.
Le coup de chaleur à l’effort est peu connu du pratiquant sportif ou de l’actif, en général en bricolant, jardinant ou même au travail … Or, il peut être mortel par arrêt cardio-respiratoire par hyperthermie maligne
Le conseil du Doc IRBMS
Arrêt de l’effort, se mettre immédiatement au repos dans un endroit frais à l’ombre, et se refroidir par tous les moyens. Traiter, donc refroidir, est la priorité, puis/et faire appel aux secours.
Surtout il faut que l’un des membres du groupe, ou vous-même si vous êtes seul, emporte un téléphone portable en charge en n’oubliant pas que le numéro d’urgence internationale est le 112. En France, on peut également alerter le 15 ou le 18.
Qu’est-ce que l’hyperthermie maligne d’effort ?
C’est une élévation extrême et brutale de la température centrale qui fait suite à une activité ou travail musculaire intense. En effet, elle provoque une désadaptation des systèmes régulateur de l’organisme avec altération des métabolismes cellulaires et souffrance multi viscérales.
Initialement décrite en milieu militaire en France et à l’étranger avec un taux de mortalité importante d’autant qu’il s’agit dans ces cas de coup de chaleur par épuisement, avec température extérieure peu significativement élevée.
La prévention et l’information réduit le nombre de cas en abaissant le taux de mortalité.
Quels types de sports sont concernés ?
Tout effort peut être impliqué mais on retiendra :
- Qu’il s’agit le plus souvent d’effort de longue durée : semi-marathon, marathon, course d’endurance ou d’orientation, trail et ultra-trail, et les sports nécessitant un équipement particulier utilisant des combinaisons de protection chaude et étanches sont également concernés : moto, rallye, auto, etc.
- La pratique d’un sport en altitude peur favoriser la survenue d’une hyperthermie qui est alors confondue avec le mal des montagnes.
- Les sportifs imprudents pratiquant leurs sports torse nu sont également plus exposés aux hyperthermies d’effort que ceux qui portent un T-shirt en coton ou en textile aéré.
- Le port d’une casquette ou d’un chapeau protège contre la chaleur et le soleil. Mais il est illusoire de croire que cela est suffisant en cas de grosses chaleurs. Chercher l’ombre et se vaporiser de l’eau sur le visage ou le corps sont des moyens efficaces associés à une diminution de l’intensité de l’effort.
- Tous les sports et activités de plein air sont finalement concernés par l’hyperthermie. Mais il faut rester vigilant car même en salle de sport la température sous toiture et l’absence d’aération sont d’autant plus dangereuses.
Les facteurs de risque
Les conditions météorologiques :
- Une température anormale supérieure à 25°, et surtout une ambiance thermique chaude anormale.
- Un sport pratiqué pendant les heures les plus chaudes du soleil l’été.
- La présence d’un vent chaud ou inversement l’absence de vent permettant de rafraîchir l’organisme et l’atmosphère.
- L’absence des zones d’ombre dans le parcours, ou au contraire l’exposition constante au soleil lors d’une longue pratique sportive.
- Le degré d’hygrométrie (taux d’humidité dans l’air) joue en grand rôle car plus il y a de chaleur humide, moins l’organisme peut évacuer sa transpiration.
Les erreurs d’alimentation et d’hydratation
- Il faut boire avant d’avoir soif. La survenue d’hyperthermie maligne d’effort est en corrélation avec l’état de déshydratation. L’augmentation nécessaire de la quantité de boisson en fonction de la température est une réalité.
- Ne pas « sauter » les ravitaillements et si besoin s’asperger d’eau fraîche pendant l’effort.
La mauvaise condition physique ou une fatigue anormale
- La fatigue, le manque de sommeil, l’anxiété, la présence ou non d’une petite rhinopharyngite en complément, occasionnent une fatigabilité. Et peut donc provoquer un dysfonctionnement d’adaptation de l’organisme.
La prise de médicaments et dopage
- La prise de médicaments peut masquer également nos bons réflexes de survie en masquant les signes d’alerte comme la transpiration ou tout simplement la vigilance. Le dopage en reculant les limites physiologiques est source d’hyperthermie.
Un état fébrile ou une maladie
- Il ne faut jamais réaliser un effort ou participer à une compétition si l’on présente de la température ou si l’on sort d’un état viral (repos au moins 8 jours).
Une pratique mal adaptée
- Équipement non adapté, vêtements trop lourds et non aérés, matériel sportif mal réglé, effort trop long, sac à dos créant un écran anti aération, repos et hydratation non respectés, etc.
Comment survient une hyperthermie maligne d’effort ?
En plein effort, lors de circonstances météorologiques particulières, qui commence à ne plus ressentir la fatigue, ne transpire plus, n’a plus le réflexe de boire, et commence à s’essouffler anormalement.
La coordination motrice est de plus en plus difficile, des troubles neurologiques peuvent s’installer.
Le système nerveux central ne joue plus son rôle régulateur, il se produit une inversion de la balance énergétique avec une rétention de calories par « imperméabilisation » de la peau qui ne joue plus son rôle de convection (sudation).
Après quelques minutes de poursuite de son sport dans ces conditions là, la personne ressent un malaise brutal ou non, l’amenant à s’effondrer sur le terrain, dans un état de choc évident avec destruction musculaire (rhabdomyolyse). Il est alors complètement désorienté. On peut confondre ce malaise avec une mort subite mais les circonstances d’apparition sont différentes.
Il serait grave de ne pas s’inquiéter immédiatement de ce malaise, d’attendre les secours patiemment en laissant le sportif en plein soleil, et de penser qu’il s’agit d’un simple « petit malaise » dû à une fatigabilité anormale.
Les premiers signes inquiétants
- Hébétude
- Fatigue brutale
- Vomissements
- Soif intense
- Crampes
- Comportement inhabituel (agressivité, désorientation…)
- Loges musculaires tendues
Le saviez-vous ?
Cas d’hyperthermie en compétition de masse : le Marathon de Chicago, Octobre 2007.
- La température du jour à Chicago : +/- 25° à 30°
- Taux d’humidité : 86%
- 36 000 participants
- Temps du vainqueur : 2h11 min 11 sec
Ordre d’interruption de l’épreuve à mi-course, mais beaucoup de participants ont continué (25 000 sur les 36 000). Résultat : 1 mort par hyperthermie d’effort et 350 coureurs hospitalisés, malgré 200 000 unités d’eau distribuées et l’ouverture des bouches d’incendie. C’est sans doute la seule course de l’histoire de cette importance qui a été interrompue partiellement pour raison de chaleur et risque d’hyperthermie d’effort.
Mesures préventives
L’hyperthermie maligne d’effort arrive le plus souvent dans des sports d’endurance ou des activités physiques de longue durée, avec des situations météorologiques un peu exceptionnelles.
Les mesures préventives sont capitales : c’est pour cela que si vous envisagez de participer cet été à un raid nature, une randonnée particulière, dans des conditions climatiques qui seront difficiles (chaleur, altitude, désert, pays à fort degré d’hygrométrie), consultez d’abord votre médecin pour connaître vos possibilités d’adaptation et préparez vous en vous entraînant progressivement à accepter ce type d’effort.
En tout état de cause, emmenez toujours avec vous à la fois des quantités d’eau nécessaires, mais également des compresses réfrigérantes de poche de froid instantané, qui permettent de lutter immédiatement contre les effets d’un coup de chaleur, ou d’une hyperthermie maligne d’effort.
Conduites à tenir en cas d’apparition d’un coup de chaleur
RAPPEL : il faut que l’un des membres du groupe, ou vous-même si vous êtes seul, emporte un un téléphone chargé en n’oubliant pas que le numéro d’urgence internationale est le 112. En France, on peut également alerter le 15 ou le 18.
1) Refroidissement : règle prioritaire avec ventilation
C’est véritablement sur le terrain que se joue le pronostic et la survenue de complications gravissimes. Ce refroidissement ne doit pas attendre la venue de secours médicalisés. Il convient tout d’abord d’arrêter l’effort sportif ou plus généralement musculaire.
→ Télécharger : Hyperthermie d’effort : comment refroidir ?
En l’absence de la présence de médecins, de secouristes ou de personnel médical ou paramédical compétent, il faut tout de suite refroidir le sportif. On l’asperge avec de l’eau, on le met à l’ombre, et on essaie de le ventiler en lui provoquant même un courant d’air.
Ne pas oublier : l’application de vessies de glace à la racine des membres au niveau des gros axes vasculaires (cou, aisselles, plis de l’aine, région cervicale), en veillant à protéger la peau de façon à ne pas entraîner de brûlure cutanée.
2) Pas de médicament
Les antipyrétiques de type paracétamol (risque hépatique) ou acide acétylsalicylique (risque de saignement) sont contre-indiqués.
3) Appel des secours
On alerte immédiatement les secours qui sont, en France le 15, le 18 et par téléphone portable le 112, en précisant bien le motif exact de l’appel, afin que la prise en charge soit plus facile et mieux adaptée dès l’arrivée des secours.
4) Surveillance
Pendant ce temps, on continue à essayer de refroidir le sportif selon toutes les possibilités que l’on possède sur le terrain ou dans la nature.
On parle à la victime. Si celle-ci se met à vomir, on la met en position de sécurité sur le côté, on essaie de la faire boire, on la calme, on la met à l’ombre et on éloigne tous les curieux qui vont aggraver la situation déjà très inquiétante.
5) On aide les secours
Dans tous les cas, une hospitalisation pour bilan et surveillance est nécessaire.
→ A lire également : Chaleur et sport
→ Brochure IRBMS : Comment adapter son hydratation à l’effort dans l’activité physique et/ou sportive ?
→ Brochure IRBMS : Comment adapter son alimentation pour l’effort ?
Bibliographie
■ L’hyperthermie d’effort, encore nommée coup de chaleur d’exercice (CCE), est un syndrome clinique défini par la survenue de troubles neurologiques de façon aiguë au cours ou au décours immédiat d’un effort musculaire intense, accompagné d’une hyperthermie avec une température centrale (T˚C) ≥ 40 ˚C (1). La présentation initiale associe fréquemment des troubles circulatoires à type de collapsus [lien].
■ L’hyperthermie d’effort est une urgence vitale qui doit être systématiquement suspectée en présence d’une température supérieure ou égale à 40°C associée à un trouble de la conscience survenant au décours d’un effort physique [lien].
■ Hyperthermie associée à une réponse inflammatoire systémique, menant à un syndrome de défaillance multiviscérale dans laquelle l’encéphalopathie prédomine (Définition en 2002) [lien].
■ Le coup de chaleur d’exercice se caractérise par une température centrale > 40 °C, accompagnée de symptômes neurologiques consécutifs à un effort physique. Sa physiopathologie complexe repose principalement sur une dysrégulation thermique, avec une production de chaleur excessive due à l’exercice, mal régulée par l’organisme [lien].
■ Quel que soit le niveau de pratique sportive, s’entraîner et/ou participer à des compétitions en plein air en conditions chaudes (température de l’air >30-35°C) pose de réels défis quant à la thermorégulation, l’hydratation et in fine la performance sportive. Ces conditions peuvent, dans les cas extrêmes, avoir des conséquences dramatiques si l’intensité et/ou la durée d’exercice est maintenue [lien].