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Combattre la sédentarité : les docteurs Patrick Bacquaert et Frédéric Maton alertent sur l’un des enjeux de santé publique

Les auteurs de « A vos marques prêts… Bougez ! Et sportifiez-vous ! » (2009) dressent un bilan mitigé de l’impact sur les populations des actions menées en France pour lutter contre la sédentarité durant ces 30 dernières années.

Nous sommes faits pour bouger car notre corps a besoin des cytokines produits par le mouvement pour fonctionner en régulant l’activité des cellules immunitaires sources d’équilibre du bien être !

État des lieux

Un an après l’engouement des JOP de Paris 2024 et quelques mois après la fin de la grande cause Nationale 2024 « Je bouge 30 minutes chaque jour » mais aussi dans le contexte de la dernière publication du rapport dit « Rapport de la mission interministérielle sport santé ‘Delandre’ » (travaux conduits en 2022 et 2023 et remis en 2025), il est bon de renouveler notre alerte contre la non-appropriation des nombreux messages de prévention primaire, secondaire et tertiaire afin de combattre la sédentarité. Nous constatons en effet des résultats insuffisants du déploiement des Maisons Sport-Santé qui peinent à devenir des éléments moteurs d’une thématique Sport-Santé qui devrait conquérir territoire par territoire afin de valoriser le lien entre activité physique, sédentarité et lutte contre les maladies chroniques.

Pour avancer cela, le docteur Patrick BACQUAERT, médecin chef de l’IRBMS HDF, rappelle son engagement fort depuis plus de 40 ans à la promotion du « mieux bougez et bougez plus » en Nord-Pas-de-Calais puis en Région Hauts-de-France et de son côté le docteur Frédéric MATON, médecin du sport et de l’exercice, martèle les conseils de nutritions en complément de l’activité physique au quotidien afin de réduire la pandémie de maladies chroniques en favorisant l’activité physique chez les jeunes.

Les premières brochures informatives au sujet de la lutte contre la sédentarité éditées par l’IRBMS : « Bougez c’est la santé… Les fruits de la passion » datent de 1999,. Les nouvelles versions sont quant à elles disponibles sur notre boutique sport santé.

→ Pack 3 brochures « Le mouvement pour la santé  » (Boutique IRBMS).

 

Par ailleurs nous avons toujours associé, à la différence de beaucoup, le monde médical à la promotion du sport santé et à la prescription du sport santé sur ordonnance en proposant des outils adaptés et repris sur notre site de l’Observatoire du Sport Santé (OM2S).

 

 

→ Diaporama : « L’arbre décisionnel de la prescription de l’activité physique sur ordonnance » (OM2S).

La prévention primaire

La sédentarité : une réalité comportementale, un « confort de vie » mais un vecteur de pandémie de maladies chroniques. L’inactivité physique est une réalité du quotidien.

Ne pas bouger, rester devant ses écrans, prendre sa voiture, manger vite et mal peut pour beaucoup représenter un confort de vie sans effort mais tous les scientifiques confirment que ce « bien-être » ressenti cache un tsunami d’effets néfastes pour la santé de santé.

La sédentarité est considérée comme la première cause de mortalité évitable dans nos sociétés modernes devant le tabagisme. Le temps n’est plus à douter du rôle bénéfique de l’activité physique sur la santé car de nombreuses études scientifiques internationales et Françaises l’ont démontré. De nombreux travaux ou publications ont été réalisés dans le domaine du sport, des activités physiques, de l’exercice et de la santé. L’IRBMS HDF contribue à les diffuser depuis plus de 25 ans et l’Observatoire Médical du Sport Santé (OM2S) issue d’une volonté du COPIL by IRBMS participe à les faire connaître.

L’OMS par ses recommandations précise qu’il faut pour un adulte réaliser au moins 30 minutes par jour d’activité physique modérée alors que pour les enfants et adolescents il faut au minimum 60 minutes d’activité par jour.

→ A lire : Pour un sport santé multidisciplinaire, un langage commun et une prise en charge par l’Assurance Maladie

La sédentarité

La sédentarité est définie par une faible dépense énergétique en position assise ou allongée. Elle est considérée de manière distincte de l’inactivité physique, avec ses effets propres sur la santé. Dans les études on la retrouve souvent exprimée à travers le temps passé assis devant un écran, même s’il ne représente qu’une part du temps réel de la sédentarité. Hors temps de travail, les adultes passent ainsi quotidiennement de 3h20 à 4h40 assis devant un écran. Les enfants et les adolescents passent plus de deux heures quotidiennes face à un écran et ce temps atteint trois heures chez les personnes âgées de plus de 65 ans.

Selon l’ANSES, 95% des Français n’atteignent pas les 3 recommandations de l’OMS (endurance, force, souplesse).

L’inactivité physique

L’inactivité physique est définie quant à elle, comme un niveau insuffisant d’activité physique d’intensité modérée à élevée, c’est-à-dire un niveau inférieur à un seuil d’activité physique recommandé.

La sédentarité associée à l’inactivité physique est responsable en France de 50 000 décès par an, autant que le tabagisme et 15 fois plus que les accidents de la route ! Sans oublier la perte de chance de vivre sans handicap. Car en France, à la naissance et en 2023, les femmes peuvent espérer vivre 64,2 ans sans incapacité et les hommes, 63,6 ans. Les espérances de vie sans incapacité à la naissance diminuent de 4 mois depuis 2008 pour les femmes ; pour les hommes, elles augmentent de 10 mois.

Le docteur Patrick BACQUAERT physiologiste de l’effort rappelle l’importance de ne pas rester assis ou de ne pas faire des exercices d’endurance comme monter des escaliers à la place de prendre l’ascenseur car la Vo2Max (consommation maximale d’oxygène) baisse avec le vieillissement et c’est notre carburant du « bien-être ». On peut même parler d’indicateur d’espérance de vie.
Le docteur Frédéric MATON qui coordonne un plateau technique pluridisciplinaire du retour au mouvement (Acti-vité) rappelle aussi les effets néfastes combinés de la sédentarité et de la « mal bouffe » sur le développement du surpoids et de l’obésité.

Le paradoxe du sport santé

La population ignore les effets néfastes de la sédentarité et les messages de prévention primaire, de plus les nombreux acteurs du Sport-Santé n’utilisent pas un langage commun permettant de faire passer un message compréhensible et une appropriation de la thématique.

La prévention primaire (Sport-Santé et lutte contre la sédentarité) est définie comme toute action destinée à diminuer l’incidence d’une maladie en réduisant l’apparition de nouveaux cas dans une population saine par la diminution des causes directes et des facteurs de risque (OMS). Le langage commun doit rassembler tous les acteurs concernés par l’activité physique et/ou le sport afin de faire reculer la sédentarité et réduire l’incidence de l’inactivité.

→ A lire : L’activité physique, héritage de Paris 2024, la thérapie préventive en prévention primaire des maux de notre XXIème siècle !

La solution passe par les formations et la reconnaissance d’un socle commun de savoir faire

En préambule on peut alerter sur le reste à charge pour un patient ou une personne porteuse d’un facteur de risque sur les dépenses de pratiques des activités physiques encadrées. On peut aussi parler des nombreux freins qui amènent une personne à franchir le pas afin de s’inscrire dans une cession Sport-Santé.

Les objectifs sont ainsi en lien avec un enjeu de santé publique :

→ Documentation : Mailler les réseaux Sport-Santé (2025).

Notre plateforme de formation

Le docteur Frédéric MATON propose en lien avec son ouvrage La nutrition du sportif, un MOOC consacré aux sportifs. Il aborde aussi les éléments pouvant conduire à l’amélioration du bien-être par une alimentation équilibrée. Le docteur Patrick BACQUAERT rappelle l’importance d’un savoir-faire et d’un faire savoir qui permet de rassurer le corps médical.

La prévention secondaire et tertiaire

L’activité physique : une thérapeutique non médicamenteuse reconnue.

Depuis de nombreuses années les spécialistes cardiologues ou pneumologues et d’autres ont introduit dans le parcours de soins du patient la réhabilitation à l’effort. L’activité physique est reconnue efficace par la Haute Autorité de Santé (HAS) depuis 2011 et l’Académie de médecine a validé l’activité physique comme thérapie non médicamenteuse.

Grâce à la volonté du docteur Valérie FOURNEYRON alors ministre des Sports en 2016, l’activité physique, qui inclut le sport, est reconnue comme une thérapeutique non médicamenteuse.

→ A lire : Sport sur ordonnance, une prescription de l’activité physique adaptée (APA)

Ses effets bénéfiques sont scientifiquement prouvés en prévention secondaire et tertiaire, pour limiter les complications des maladies chroniques, améliorer et optimiser le traitement et réduire la survenue du handicap ou de la mortalité.

L’activité physique a ainsi démontré son efficacité non seulement sur les adaptations cardiorespiratoires mais aussi sur les cancers et de nombreuses autres maladies chroniques dont aussi sur la prévention des chutes amenant une désocialisation fréquente.

Malheureusement peu de médecins se sont formés à la prescription de l’activité physique et donc peu prescrivent régulièrement de l’activité physique adaptée à leurs malades chroniques. Cela peut être aussi en raison de l’absence de langage commun déjà évoqué et aussi à une réticence à confier un patient à un professionnel non issu de la santé. On peut aussi retenir le non-remboursement comme frein principal alors que ce remboursement ferait économiser à l’assurance maladie des milliards d’euros !

Notre plateforme de formation

Savoir prescrire les Activités Physiques Adaptées (APA) à chaque patient pouvant bénéficier du dispositif dit « sport santé sur ordonnance » en organisant une collaboration entre les acteurs identifiés pouvant prendre en charge votre patient, en utilisant un langage commun.

Le docteur Patrick BACQUAERT, en tant qu’ancien médecin chef du CREPS de Wattignies, rappelle qu’il ne faut pas confondre sport, sport de haut niveau des filières d’accès à la performance et activité physique car pour le sport le rôle du médecin est de protéger la santé du sportif, pour le haut niveau le rôle est d’accompagner la performance avec une équipe pluridisciplinaire alors que pour l’activité physique son rôle est de prescrire l’effort en termes d’intensité, de fréquence et de durée dans le cadre d’une pratique encadrée sécurisée, adaptée, progressive et pérenne.

Pour en savoir plus :Sécurisation des pratiques : le talk test, un repère simple afin d’évaluer son effort physique et son adaptation cardiorespiratoire :

Le docteur Frédéric MATON, médecin des équipes de France d’aviron et d’autres structures de haut niveau, adapte l’expérience vécue au haut niveau afin de transmettre aux patients le même désir « de performer » contre la maladie.

→ A lire : Le sport sur ordonnance, guide méthodologique pour les médecins

 

L’appui des technologies connectées et/ou de l’intelligence artificielle (IA)

Les montres connectées ou les applications de suivi comme celle de l’IRBMS Start’R (application de bien-être au travail) peuvent encourager à bouger davantage, mais le but est de bouger au quotidien et ainsi modifier son mode de vie afin que la routine des bonnes résolutions soit acquise.

Le nombre de pas à réaliser est de 6 000 pas par jour même si se donner l’objectif des « 10 000 pas » est une bonne résolution. Mais il faut surtout, à tous les âges de la vie, bouger au quotidien en entretenant sa forme physique, son tonus musculaire, sa souplesse et… sa bonne humeur !

L’intelligence artificielle peut créer des programmes d’entraînement mais rien ne remplacera un professionnel formé. Oui on peut penser que prendre l’ascenseur à la place des escaliers peut stimuler une alerte à partir d’un capteur d’activité afin d’avertir du mauvais choix mais il est plus simple de mettre une affiche sur la porte de l’ascenseur afin de proposer une autre solution de mobilité !

Notre application

L’IRBMS propose en entreprises ou collectivités des défis connectés qui peuvent par le partage de motivations être déclencheur de modification d’habitude de vie.. ; Pourquoi ne pas étendre ces challenges à d’autres publics comme les scolaires, étudiants ou personnes âgées ?

Conclusion

Le développement des maladies chroniques n’est pas une fatalité même si tout est fait pour que le curatif l’emporte sur le préventif. Or il existe une solution peu coûteuse qui peut générer des économies en termes de conséquences sociales et médicales : l’activité physique.

Ces questions nous les posons depuis plus de 30 ans et tous les plans ministériels annoncés après la réalisation de nombreuses études ou rapports n’ont jamais fait baisser la sédentarité ni augmenter les temps de pratiques… 297 documents archivés mais non exhaustifs !

→ En savoir plus : Le Sport Santé l’esprit bien-être

Web bibliographie

Ressources compilées le 07 mai 2025.