Arthrogenic Muscle Inhibition (AMI)
L’inhibition musculaire arthrogénique ou AMI (Arthrogenic Muscle Inhibition) est une pathologie survenant après une blessure ou un acte chirurgical.
Alertes
- Retard de diagnostic
- Evolution morbide
- Bilans nombreux et inutiles
- Répercussion mentale
- Complications
- Retard à la réhabilitation
Définition
Incapacité durable après lésion du LCA ou chirurgie d’avoir une activation motrice correcte du quadriceps (pouvant par extension concerner d’autres articulations).
L’AMI est un processus neurologique qui engendre une inhibition motrice des muscles agonistes, parfois associé à des contractures réflexes des muscles antagonistes. Ce phénomène complexe est le résultat de différentes compensations au niveau du système nerveux, que ce soit spinal ou central.
Ne pas confondre avec l’algodystrophie, ou syndrome douloureux local complexe, ou algoneurodystrophie.
Classification
La classification se présente en 4 grades, de Grade 0 à Grade 3 avec deux sous grades pour les grades 1 et 2 :
- Grade 0 : Contraction normal du VMO.
- Grade 1 : Inhibition motrice du VMO sans déficit d’extension du genou.
- 1a : Inhibition motrice du VMO réversible quelques minutes après le début des exercices simples d’extension assistée.
- 1b : Inhibition motrice du VMO réfractaire à de simples exercices d’extension assistée, nécessitant des programmes de rééducation plus longs et spécifiques.
- Grade 2 : Inhibition motrice du VMO associé à un déficit d’extension du genou due à une contracture réflexe des ischios-jambiers.
- 2a : activation et perte d’amplitude de mouvement réversibles après quelques minutes de fatigue des ischio-jambiers et le début d’exercices simples d’extension active.
- 2b : réfractaire à la fatigue des ischio-jambiers et/ou à des exercices simples d’extension active, d’où la nécessité de programmes de rééducation plus longs et spécifiques.
- Grade 3 : Déficit chronique d’extension passive due à la rétraction de la capsule postérieure.
- Arthrolyse postérieure étendue obligatoire avec des programmes spécifiques de réhabilitation préopératoire et postopératoire.
► Sources : Arthrogenic Muscle Inhibition Following Knee Injury or Surgery (SageJournals)
Conclusion
- AMI = une réalité invalidante et retardant la reprise des activité physiques et sportives.
- Toujours évaluer les risques devant l’installation d’un processus de dégradation de la récupération musculaire.
- Faire les bons bilans et penser à l’IRM cérébrale fonctionnelle.
- Appliquer au plus vite un programme adapté de reprogrammation neuromusculaire.
Bibliographie
- Prévention des raideurs du genou après ligamentoplastie : qu’est-ce que l’AMI signifie ? / Bertrand Sonnery-Cottet a, Thomas Ripoll b, Étienne Cavaignac.
- Le genou est une articulation fréquemment lésée chez les sportifs avec un nombre important et croissant de ruptures et de chirurgies ligamentaires. Il existe des complications postopératoires sources de mauvais résultats telles que les raideurs. Au-delà des causes connues et bien décrites des raideurs postopératoires d’origine intra- et/ou extra-articulaire, nous introduisons dans cette étude la notion d’un mécanisme réflexe central d’inhibition motrice appelé arthrogenic muscle inhibition (AMI). L’AMI s’observe après le traumatisme et peut être définie comme un déficit d’extension active du genou, conséquence d’une contraction altérée du vastus medialis obliqus (VMO) d’origine réflexe centrale, souvent associée à une contracture des muscles ischiojambiers secondaire à un réflexe spinal…
- Inhibition musculaire arthrogène après une blessure ou une intervention chirurgicale au genou : physiopathologie, classification et traitement / Dr Bertrand Sonnery-Cottet , Dr Graeme P. Hopper, FRCS (Tr et Orth) et le Dr Adnan Saithna.
- L’inhibition musculaire arthrogène (IMA), un processus dans lequel l’échec de l’activation du quadriceps est causé par une inhibition neuronale, est fréquent après une blessure au genou ou une intervention chirurgicale. Il n’existe aucune classification pour décrire les différentes manifestations de l’IMA après une blessure au genou.
- L’apport des neurosciences en traumatologie : revue systématique sur la kinésithérapie de l’inhibition musculaire arthrogène du quadriceps après ligamentoplastie du LCA / Zineb Latifi , Saïd Chajid , Mohamed-Amine Benhima , Mustapha Mouilly.
- La diminution de l’activation volontaire du Quadriceps est communément associée aux ruptures du ligament croisé antérieur. Récemment, la recherche s’est concentrée sur le développement de méthodes neuro-stimulatrices spécifiques pour pallier ce déficit ; leur réelle efficacité reste à déterminer. La présente revue visait à documenter l’efficacité des méthodes neuro-stimulatrices pour faire face au déficit d’activation du quadriceps après ligamentoplastie du ligament croisé antérieur.
- Mise au point sur l’inhibition motrice d’origine centrale dans les suites d’une entorse du genou / Bertrand Sonnery-Cottet.
- Le genou est une articulation fréquemment atteinte chez les sportifs avec un nombre important et croissant de ruptures du ligament croisé antérieur (LCA). L’apparition de nouvelles techniques chirurgicales a permis d’obtenir ces 20 dernières années, une nette amélioration des résultats. Cependant, il existe des complications pré et post-opératoires, sources de mauvais résultats, qu’il convient de dépister et de traiter. Parmi elles, la plus fréquente et la plus redoutée est certainement le flessum du genou dont la physiopathologie nous était jusqu’à l’heure inconnue. De nombreuses publications ont récemment mis en évidence une modification de la plasticité cérébrale après rupture du LCA avec altération des fonctions cognitives et motrices. L’inhibition motrice, aussi appelée « Arthrogenic Muscle Inhibition » (AMI) est responsable de complications potentiellement sévères à court et long termes. L’AMI peut être défini comme un déficit d’extension active du genou, conséquence d’une contraction altérée du muscle quadriceps fémoral, en particulier du Vastus Medialis Oblique (VMO) d’origine réflexe centrale, souvent associé à une contracture des ischios-jambiers. Suite à une entorse du genou, les atteintes articulaires modifient la réponse des récepteurs sensoriels avec des effets profonds sur l’excitabilité au niveau du cortex moteur frontal (thêta) associée à un réflexe spinal qui produit typiquement un schéma de facilitation des fléchisseurs et d’inhibition des extenseurs. Cette physiopathologie explique le flessum antalgique après entorse du genou. Une revue de la littérature publiée en 2018 a montré l’efficacité, certes modérée, de la cryothérapie et des exercices physiques dans l’amélioration de la prise en charge de l’inhibition motrice du quadriceps dans le cadre de l’AMI après blessure ou reconstruction du LCA. Nous avons ensuite publié une prise en charge simple en consultation, qui par quelques exercices spécifiques, permet de lever cette inhibition motrice et donc de redonner une extension passive et active au patient, limitant ainsi le risque de complications en cas de nécessité d’une prise en charge chirurgicale. Cela nous a conduit à proposer une classification, publiée en 2022, car le tableau clinique de ce mécanisme réflexe central, va de l’inhibition seule du VMO à un flessum fixé par rétraction capsulaire postérieure dans les cas chroniques. Pour chaque grade de cette classification, une modalité thérapeutique est proposée. Nous avons aussi évalué un programme de reprogrammation neuromotrice largement diffusé en France chez les Kinésithérapeutes et les Ostéopathes. La question importante était ensuite de savoir dans notre pratique quotidienne, quelle était l’incidence de l’AMI après rupture récente du LCA. Nous avons ainsi réalisé une étude prospective et découvert que près de 60% des patients présentent un tableau d’AMI, réversible facilement dans près de 80% des cas avec des exercices adaptés. Enfin, nous avons voulu déterminer pourquoi il existe une grande variabilité dans la survenue de l’AMI entre les patients après une entorse grave du genou. L’hypothèse de notre étude était qu’une différence d’activation des aires cérébrales motrices existait entre un groupe de patients victimes d’une rupture récente du LCA avec AMI et sans AMI. Notre étude prospective non randomisée par IRM fonctionnelle cérébrale a permis de confirmer cette hypothèse. L’ensemble de ce travail, permettant une mise au point sur ce mécanisme fréquent et méconnu d’AMI après entorse du genou à l’origine de complications importantes, permettra de sensibiliser l’ensemble des praticiens concernés et impliqués dans la gestion de cette pathologie. Surtout, cela aura indéniablement des conséquences sur les modalités thérapeutiques de la prise en charge d’une entorse du genou.
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