Hémophilie et activité physique : quels risques, pour quels bénéfices ?
Du fait que l’hémophilie ne concerne actuellement qu’environ 6000 personnes en France, la population est bien souvent peu ou mal informée sur cette maladie. Est-ce possible de pratiquer une activité physique lorsque l’on est hémophile ? Oui ! Cela est même préconisé, mais sous quelles conditions ? La réponse.
L’hémophilie est une maladie hémorragique héréditaire, due à un déficit de coagulation du sang. De ce fait, contrairement aux idées reçues, les hémophiles ne saignent pas plus abondement que la normale, mais plus longtemps.
Les saignements dus à des blessures superficielles sont donc généralement anodines, mais les saignements internes, tels que dans les articulations ou dans les muscles, doivent quant à eux faire l’objet d’une surveillance accrue, car plus graves.
Il existe deux types d’hémophilie suivant la protéine « facteur de coagulation » défaillante (l’hémophilie A et B). Un traitement basé sur l’injection de ces protéines (la prophylaxie) permet aux hémophiles de mener une vie quasiment identique à celles des autres. Alors qu’auparavant l’activité physique était vivement déconseillée, plusieurs travaux ont au contraire montré un intérêt particulier à la pratique sportive chez les hémophiles, notamment grâce à l’émergence de ces nouveaux traitements.
Hémophilie et activités physiques, oui c’est possible !
L’activité physique est recommandée pour les hémophiles car elle permet d’obtenir des bénéfices spécifiques en lien avec la maladie, et ce sur plusieurs aspects. Tout d’abord, le sport a un rôle majeur dans le développement du capital musculaire, dont l’une des actions est d’amortir les chocs et donc de limiter les contraintes et les traumatismes au niveau des articulations. Les mouvements effectués en pratique augmentent la production de la synovie permettant la lubrification du cartilage ainsi qu’une meilleure diffusion des nutriments.
Cela réduit la dégénérescence des articulations et prévient les déficiences ostéo-articulaires. Le travail de la souplesse par des étirements participe à la lutte contre les raideurs musculaires. Ainsi, l’activité physique permet de maintenir et de développer une bonne mobilité articulaire qui se révèle importante dans la prévention des blessures.
De plus, la mobilisation musculaire améliore le flux sanguin vers les articulations endommagées et améliore la récupération et l’élimination des substances excédentaires. Elle a aussi un effet bénéfique sur la coagulation du sang réduisant ainsi la probabilité de nouveaux épisodes de saignements.
Outre cela, la pratique sportive développe la force musculaire, l’endurance, la proprioception, l’amplitude du mouvement, l’équilibre, les réflexes, la coordination, la perception et réduit alors les risques d’entorses ou de chutes, responsables des saignements. Enfin, elle diminue le risque de surpoids, améliore la ventilation pulmonaire (par l’oxygénation des tissus) et diminue les douleurs.
Le sport participe également au développement de la croissance osseuse chez les enfants.
Les avantages psychologiques et sociologiques de la pratique d’une activité physique ne sont pas à négliger. Elle contribue à l’amélioration de l’estime de soi, à l’élaboration d’une image positive de soi, à l’augmentation du taux d’hormone favorable à l’humeur, à la sensation de bien-être et à l’intégration sociale.
Des précautions à respecter
Les hémophiles doivent cependant rester vigilants sur le type d’activité pratiquée. Les sports pouvant entraîner un risque hémorragique sont à proscrire. C’est le cas par exemple du judo, de la boxe, du rugby ou des arts-martiaux. Certaines activités peuvent toutefois être adaptées aux personnes hémophiles, en y modifiant les règles ou bien l’environnement.
Certaines activités physiques peuvent être adaptées, en y modifiant les règles ou bien l’environnement.
Pour ce faire, des professionnels tels que des enseignants en activité physique adaptée (EAPA) sont chargés d’orienter et d’adapter la pratique sportive à la pathologie.
Avant la pratique, il est donc important de communiquer sur sa maladie et d’en informer les personnes encadrantes.
Lors de l’activité, la vigilance reste de mise. Certains signes comme des picotements, des articulations devenant lourdes, une gêne, une douleur ou une blessure doivent faire l’objet d’un arrêt immédiat de l’activité. Afin de bien récupérer il est recommandé d’espacer les séances au maximum.
La pratique d’une activité physique adaptée et d’exercices physiques ont de nombreux bénéfices chez les personnes hémophiles. En conséquence, la participation à une activité physique appropriée doit être encouragée dans le cadre de l’approche globale de la maladie. L’intervention d’un EAPA a par ailleurs pour but d’assurer un engagement durable pour un mode de vie actif afin de rendre l’hémophile acteur de sa prise en charge.
Article rédigé par Elodie VIOT, Lenaig PENSEC et Julien BONNIN.
Bibliographie :
Niu, X., Poon, J.L., Riske, B., Zhou, Z.Y., Ullman, M., Lou, M., Baker, J., Koerper, M., Curtis R., Nichol, M.B. (2014). Physical activity and health outcomes in persons with haemophilia B. Haemophilia, 20(6), 814-821.
Kargarfard, M., Dehghadani, M., Ghias, R. (2013). The effects of aquatic exercise therapy on muscle strenght and joint’s range of motion in hemophilia patients. International Journal of Preventive Medicine, 4(1), 50-56.
Institut national de la santé et de la recherche médicale. www.inserm.fr
Association Française des Hémophiles www.afh.asso.fr
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