Scoliose idiopathique chez l’enfant

La scoliose chez l'enfant

Seuls 10 à 20% des cas de scoliose vont évoluer vers l’aggravation, mais tous les cas sont à prendre en considération.

La scoliose concerne de 2 à 3% de la population mais elle est à prédominance féminine.

Le dépistage est réalisé en période prépubertaire, surtout en cas d’antécédents familiaux car il y a une forte prédominance génétique.

Définition de la scoliose

La scoliose est une déformation dans les trois plans de l’espace de toute partie de la colonne vertébrale, de la courbure cervicale, thoracique ou lombo-sacrée, entraînant une torsion d’une ou plusieurs vertèbres sur elle(s)-même(s), et provoquant ainsi une déformation du thorax, de l’abdomen, et des parties para-vertébrales.

Les scolioses juvéniles sont le plus souvent de types idiopathiques, sans cause retrouvée, touchant essentiellement les filles (5 filles pour 1 garçon), évoluant dans 10 à 20% des cas vers une aggravation. Il existe par ailleurs une certaine prédisposition familiale nécessitant la mise en place d’un dépistage particulier.

Il faut pouvoir différencier la scoliose qui est une déformation du rachis, de l’attitude scoliotique qui correspond à une inflexion latérale du rachis dans le plan frontal, sans véritable torsion et surtout sans déformation du tronc.

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Ne pas confondre scoliose et attitude scoliotique

L’attitude scoliotique est une déviation réductible de la colonne vertébrale par un changement de position ou si le jeune est en position couchée. Lors d’une scoliose, la déviation n’est pas réductible. Mais seul votre médecin peut vous guider afin de faire cette différence.

La déformation de l’attitude scoliotique est causée par une mauvaise position qui peut avoir différentes origines :

  • Une inégalité de longueur des membres inférieurs ;
  • Pathologie du bassin ;
  • Attitude antalgique (position prise spontanément par le corps et dans laquelle on ressent le moins fortement une douleur).

L’attitude scoliotique est soignée selon les cas :

  • Par une rééducation chez un kiné ;
  • Par le port de semelles orthopédiques (si les membres inférieurs sont de longueurs différentes) ;
  • En traitant la cause de cette mauvaise position ;
  • Par la pratique d’une activité physique régulière.

Interrogatoire

Il est indispensable de rechercher :

  • Les antécédents familiaux de scoliose ;
  • L’existence ou non de douleurs rachidiennes ;
  • Les habitudes de pratique sportive ;
  • Des antécédents médicaux et chirurgicaux ;
  • Des anomalies de la courbe staturo-pondérale.

La scoliose idiopathique est le plus souvent découverte par le médecin traitant ou le médecin scolaire. Le médecin du sport doit jouer un rôle dans cette prévention.

L’âge de l’enfant donne une idée potentielle du facteur de croissance et du facteur évolutif de cette scoliose.

Le risque d’aggravation de scoliose est d’autant plus important qu’elle est apparue précocement. Il est nécessaire d’éliminer les autres scolioses d’origine neurologique ou neuro-musculaire.

Chez la jeune fille, il faudra préciser la date des premières règles puisque l’évolution d’une scoliose ou d’une courbe scoliotique se termine généralement de 16 à 24 mois après le début de ses premières règles.

Quelles sont les causes de la scoliose ?

Cette affection peut avoir diverses origines.

La scoliose de l’enfant et l’adolescent

Les différents types de scoliose :

  • Idiopathique : 80% des cas de scolioses dont 10 à 15% évoluent vers une aggravation, 5 filles pour 1 garçon, avec prédisposition familiale. Elle concerne en moyenne 0.5 à 2 % des 8-15 ans, les filles étant, statistiquement, huit fois plus touchées que les garçons. Grâce aux soins, cette affection se stabilise. Cependant, il arrive qu’elle évolue encore à l’âge adulte. Des études récentes peuvent apporter des éléments sur la nature idiopathique d’une scoliose mais les recherches évoluent.
  • Secondaire : en raison d’affections pouvant entraîner des déviations : myopathies, IMC, encéphalites, troubles de la statique, fragilisation osseuse. Cette forme secondaire est assez rare.
  • Fonctionnelle : en raison de causes diverses mais assez rare également.

Les différentes étiologies

  • Idiopathique : pas d’étiologie.
  • Congénitale : malformation costale ou vertébrale.
  • Neuro-musculaire : polio, IMC, myopathie.
  • autres scolioses : tumeurs rachidiennes, Marfan, Syringomyélie.

Age d’apparition de la scoliose idiopathique

  • Nourrisson : dès la naissance, dépistage précoce.
  • Infantile : dépistage entre 1 et 3 ans.
  • Juvénile 1 : dépistage entre 3 et 6 ans.
  • Juvénile 2 : dépistage entre 6 et 9 ans.
  • Juvénile 3 : dépistage entre 9 et 12 ans.
  • Adolescence : après 12 ans jusqu’à la maturation osseuse.

Il est important de se souvenir que le risque d’aggravation est d’autant plus important que la scoliose apparaît précocement.

Les différents types de scolioses idiopathiques

Les scolioses les plus fréquemment retrouvées sont des scolioses thoraciques droites ou gauches, ou scolioses à double rayon de courbure thoracique droit et lombaire gauche.

Les autres cas sont des scolioses thoraciques lombaires globales ou à convexité thoraco-lombaire droite ou gauche.

Rechercher la gibbosité

Il est important pour le médecin de pratiquer systématiquement un examen complet du rachis sur un enfant déshabillé, pieds nus. On mesure sa taille debout et assise. La taille assise donne une idée de la croissance résiduelle restante sur le rachis.

A titre d’information, pour les enfants de taille normale, la taille assise en fin de croissance sera de 88 cm pour une fille et de 92 cm pour un garçon. On peut s’aider également pour vérifier le potentiel de la croissance, des abaques habituels. Le médecin du sport se doit de réaliser cet examen soit sur un sol dur, soit sur un podoscope. Il en profitera pour vérifier les troubles de la statique plantaire et les troubles d’alignement des membres inférieurs. L’examen au fil à plomb est indispensable.

On retrouve une :

  • Bascule du bassin
  • Hyperlordose
  • Asymétrie thoracique
  • Bosse ou gibbosité thoracique+++

A ce stade de l’examen, il est important d’évaluer un diagnostic différentiel entre scoliose et attitude scoliotique. Dans tous les cas, la gibbosité est absente en cas d’attitude scoliotique.

Pour bien vérifier cette gibbosité, on demande à l’enfant de se pencher en avant. Par ailleurs on en profite pour constater les éventuelles contraintes et raideurs musculo-tendineuses.

On terminera l’examen par un examen clinique général, éliminant par ailleurs toute étiologie neurologique. On pourra également éliminer une scoliose fonctionnelle par inégalité des membres inférieurs par trouble postural ou par contracture douloureuse.

Prise en charge des scolioses idiopathiques

  • Surveillance régulière
  • Rééducation
  • Corset
  • Éducation posturale debout et en position assise
  • Activité physique

Le diagnostic radiologique

Il a pour but de confirmer l’existence de la scoliose par la mesure de l’angle de Cobb. Il permet également de calculer la valeur des rotations vertébrales. Enfin il permet d’apprécier la maturation osseuse avec la réalisation d’un Test de Risser. Ce suivi est un point capital qui apprécie les facteurs évolutifs.

Le bilan sera le suivant : procédure stricte

  • Rachis total de face et de profil sur grand film, avec correction éventuelle des inégalités de membres inférieurs.
  • Bassin pour test de Risser.
  • Éventuellement, exploration de l’âge osseux.
  • Cliché couché si nécessaire.

Attention : on recherchera l’existence d’une rotation pour parler de vraie scoliose. Il est toutefois nécessaire de ne pas trop irradier les enfants et de demander les bons examens permettant la mise en place d’un traitement et d’un suivi adapté.

L’imagerie pour dépister et suivre une scoliose : le système EOS

EOS : imagerie médicale
EOS : radiographie du dos
Le système EOS est un système de radiographie révolutionnaire, de conception française, basé sur l’utilisation de détecteurs ultrasensibles – pour lesquels leur inventeur, Georges Charpak, reçut le prix Nobel de physique en 1992 – servis par des logiciels extrêmement sophistiqués, en partie conçus à l’École Nationale des Arts et Métiers de Paris.

Bien que ce système utilise les rayons X, comme la radiographie, la dose nécessaire est près de 10 fois inférieure à celle-ci, ce qui en fait une méthode de choix chez l’enfant et les  jeunes. EOS permet, pour la première fois, une étude du corps entier, debout, de face, de profil et en trois dimensions.

Par rapport au scanner, l’imagerie 3D EOS offre deux avantages :

  • La reconstruction tridimensionnelle s’obtient à partir des seuls clichés initiaux de face et de profil avec l’avantage d’une diminution considérable des doses d’irradiation (de l’ordre de 800 à 1 000 fois moins que les reconstructions 3D scanner) ;
  • L’examen est réalisé en position debout (comme cela se fait déjà pour les clichés radiologiques de face et profil mais avec aussi une réduction considérable des doses d’irradiation) ce qui permet de constater la réalité de l’appareil locomoteur en position habituelle et fonctionnelle . Il s’agit de définir et suivre l’étude des déformations du rachis et des membres.

Évolution de la scoliose idiopathique

Cette évolution est imprévisible. Seuls 10 à 20% des cas vont évoluer vers l’aggravation, mais tous les cas sont à prendre en considération.

Le danger ou l’alerte médicale sera d’autant plus forte chez les filles entre 11 et 13 ans, et chez les garçons entre 13 et 15 ans. Une augmentation de taille de 7 à 10 cm sur une année est un facteur de risque supplémentaire. Enfin, l’évolution radiologique permet un pronostic évolutif, lorsqu’on aura plus de un degré d’évolution par mois et par an.

L’évolution pourra être de plusieurs types :

  • Esthétique : aggravation de la gibbosité, asymétrie musculaire, aggravation de l’inégalité des membres inférieurs avec bascule du bassin.
  • Fonctionnelle : troubles respiratoires, troubles cardiaques, dégénérescence discopathique (arthrose précoce), impotence fonctionnelle.
  • Psychologique : répercussion sur la socialisation de l’enfant. Il est donc capital de pronostiquer l’évolutivité d’une scoliose idiopathique. La difficulté repose sur l’absence de preuves objectives. 

On retiendra que :

  • Plus une scoliose est précoce, plus elle risque de s’aggraver.
  • Plus le Risser est proche de 0,1 plus la scoliose, en fonction de son degré d’angulation, aura de chance de s’aggraver – la scoliose proche de 30° est une scoliose à haut risque pour le présent et le futur.

Conclusion

Après avoir éliminé les attitudes scoliotiques il est important de dresser une classification des scolioses idiopathiques pour assurer un bon suivi en lien avec la prise en charge thérapeutique.

 

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