Anorexie et sport

Anorexie chez les sportifs et sportives

L’entraînement sportif intensif est une source d’importantes pressions psychologiques.

L’anorexie est un trouble du comportement alimentaire représentée par la volonté de maigrir, particulièrement présent dans le milieu sportif, de façon plus prononcée dans les disciplines à catégories de poids.

La prévention de l’anorexie demande un dépistage le plus précoce possible, ce qui légitime la nécessité d’un suivi médical régulier du sportif, tout particulièrement pour les populations sportives à risque dont ceux qui s’orientent ou sont dans des filières du haut niveau.

N.B. : Dans la population générale non sportive ont retrouve la même démarche décrite dans cet article.

La symptomatologie clinique est bien connue, mais les signes annonciateurs sont souvent négligés, le diagnostic est donc tardif avec une prise en charge difficile et souvent refusée par la sportive.

Les Chiffres

  • Entre 200 et 250 000 personnes mais identification difficiles car état caché.
  • 95% sont des femmes.
  • Age jeunes, de moins de 15 à 25 ans.

Contexte de survenue

Certains facteurs de prédisposition constituent un terrain favorisant l’apparition d’une anorexie :

  • Le contexte familial, avec des antécédents de régime hypocalorique, d’attrait excessif vis-à-vis du poids ou de l’image corporelle, une corpulence maigre ou obèse chez les parents.
  • La période de la puberté représente un contexte de fragilité de l’adolescent.
  • Les frustrations alimentaires, régimes plus ou moins sévères, mais souvent mal supportés.
  • La pratique d’un sport esthétique ou artistique
  • La médiatisation d’athlètes ou de personnalités perçues comme des modèles auxquels il faut ressembler.
  • Les traumatismes et les abus physiques ou sexuels durant l’enfance ou pendant la carrière sportive.

Les facteurs déclenchants de l’anorexie :

  • Toute idée de séparation, que ce soit avec la famille, la fratrie, une intégration en internat ou centre de haut niveau, un stage d’entraînement, un déménagement, mais aussi la disparition d’un proche, un deuil.
  • La naissance ou l’arrêt d’une relation sentimentale.
  • Le sentiment d’échec, à un examen ou une compétition.

L’incidence de l’anorexie mentale est bien plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Une exception toutefois pour les hommes qui ont une sœur jumelle et qui possède un risque d’anorexie équivalent à celui des femmes. Les chercheurs pensent qu’il s’agit d’une exposition du fœtus homme aux hormones produites par le fœtus femme. (Source : Arch.gen – psychiatry – 12/07).

Bon à retenir

Triade clinique classique des « 3A »

Anorexie – Aménorrhée – Amaigrissement
  • L’Anorexique commence par une diminution ou une perte de la sensation de faim, évoluant secondairement vers un refus volontaire de s’alimenter. Cette perte de sensation de faim peut être niée ou reconnue par la sportive.
  • L’Aménorrhée se définit comme une absence d’au moins 3 cycles sexuels. Elle est consécutive à la souffrance psychologique et à la restriction alimentaire, aussi bien quantitative que qualitative. Lien souvent possible avec une hyperactivité sportive.
  • L’Amaigrissement est secondaire à la restriction des apports caloriques. Cet amaigrissement est souvent important et impressionnant, pouvant atteindre 50 % du poids corporel pour l’âge. Il est souvent banalisé ou dissimulé par la sportive et entretenu par le regard et les préoccupations de l’entourage vis-à-vis de cette perte de poids. Le recours à des produits laxatifs et/ou diurétique ne fait qu’aggraver la perte de poids.

Le diagnostic de l’anorexie

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire comportant la peur de grossir et de devenir obèse en mangeant normalement. Cette pensée obsessionnelle conduit à une perturbation de l’image corporelle.

Les sportives souffrant d’anorexie mentale sont inscrite de processus d’hyperactivité physique avec l’installation progressive d’une anorexie (perte de la sensation de faim).

IMC inférieur à 18,5

  • 18 à 16 : Surveillance
  • 16 à 13 : Mise en danger
  • 14 : Prise en charge médicalisée avec si possible hospitalisation
  • 13 : Hospitalisation obligatoire

 

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TCA et Sport : l’anorexie et l’anorexia athletica

Une présentation proposée par le Dr Patrick Bacquaert.

Signes psychologiques de l’anorexie

L’entraînement sportif intensif est une source d’importantes pressions psychologiques. Dans les filières d’accès au haut niveau l’enfant ou l’adolescent sportif peut se sentir contraint à fournir des résultats, pour lui-même comme pour son entourage (parents, entraîneurs, club, municipalité etc.).

  • Si l’INSEP, les CREPS et les pôles délocalisés sont dédiés aux sportifs jeunes, un jeune intégré à ces structures est souvent éloigné de sa famille et de ses camarades d’enfance, et peut donc souffrir d’un manque de repères familiaux.

On observe une attitude incohérente vis-à-vis de la nourriture, caractérisée par une restriction alimentaire sévère associée à des attitudes actives de désordre alimentaire :

Ces attitudes actives de désordre alimentaire se manifestent par une restriction exagérée et volontaire des repas,( épisode anorexie-boulimie) une sélection des aliments, le recours aux vomissements ou prises de laxatifs… Le trouble de l’image corporelle s’exprime par une préoccupation excessive vis-à-vis du poids et de la nourriture. [Lire aussi : Facteurs de vulnérabilité des sportives]

Dysmorphophobie

La dysmorphophobie témoigne d’une altération de la perception de l’image corporelle. La peur permanente de grossir, même si l’apparence est déjà très maigre, est à l’origine de régimes hypocaloriques sévères, répondant à un idéal de minceur. L’anorexique reste toujours insatisfaite de son image corporelle, se trouve toujours trop grosse. Ce comportement se manifeste par des contrôles biométriques fréquents, des pesées successives notamment post prandiales, ou chaque prise alimentaire.

Anosognosie

L’anorexique nie les faits, et se complait dans sa maigreur, s’en réjouit, donnant à son entourage l’impression d’une certaine assurance et maîtrise de soi, associée à une indifférence vis-à-vis de sa santé.

Hyperactivité physique et intellectuelle

L’anorexique est plutôt hyperactive, avec participation à des activités physiques, ce qui contraste avec son état de maigreur extrême. La fatigue est généralement déniée.

Affectivité bloquée

La vie sexuelle est souvent inexistante, les contacts sociaux pauvres, avec une faible extériorisation en société. Le comportement de l’anorexique s’inscrit dans une routine, évitant tout facteur de stress, tout conflit, fuyant les problèmes.

Surinvestissement intellectuel

Le surinvestissement intellectuel rejoint l’hyperactivité. Il se manifeste par un engouement dans les tâches scolaires ou universitaires, mais la créativité reste bloquée.

Le trouble de l’image corporelle

Il s’exprime par une préoccupation excessive vis-à-vis du poids et de la nourriture. La perception de l’image corporelle est altérée, répondant à un idéal de minceur. La peur permanente de grossir, même si l’apparence est déjà très maigre, est à l’origine de régimes hypocaloriques sévères. L’anorexique est toujours insatisfaite de sa silhouette, et se trouve toujours « trop grosse ». Ce comportement se manifeste par des pesées successives notamment après chaque repas.

FOCUS

Les complications de l’anorexie

De nombreuses complications émaillent l’évolution de la maladie et touchent toutes les fonctions vitales par carence nutritionnelle sévère.

Les complications cardiovasculaires sont les plus graves avec la survenue possible d’une hypotension artérielle et d’une bradycardie sévère, une inadaptation à l’effort, un trouble du rythme grave par hypokaliémie, facteur d’arrêt cardiovasculaire.

Les complications digestives se manifestent par une œsophagite, gastrite, des troubles du transit (diarrhée aiguë ou constipation), une élévation des enzymes hépatiques, une insuffisance hépatocellulaire, une pancréatite…

Sur le plan respiratoire, les infections broncho-pulmonaires ou les pleurésies sont possibles.

Les complications hématologiques touchent toutes les lignées sanguines, avec une diminution des globules rouges et blancs, des plaquettes, trouble de la coagulation.

Les troubles hydro-électrolytiques peuvent devenir graves, avec une hypokaliémie, hyponatrémie, hypoglycémie…

Liste non limitative des complications

  • Cardiovasculaires : Hypotension artérielle – Bradycardie – Tachycardie – Acrocyanose – Adaptation à l’effort altérée. ECG : Micro voltage de l’onde P – Axe dévié vers la droite – Onde T aplatie ou inversée – PR allongé ou raccourci – Hémi bloc droit – ESV – Pause sinusale – Flutter auriculaire. Echographie : Prolapsus valvulaire – Epanchement péricardique – Prolapsus tricuspide – Diminution de la masse ventriculaire.
  • Osseuses et dentaires : Déminéralisation osseuse – Fracture – Déminéralisation de l’émail dentaire – Hypertrophie parotidienne.
  • Digestives : Oesophagite – Achalasie – Dilatation de l’estomac – Médiastinite – Diarrhées aigues – Syndrome de l’artère mésentérique supérieure – Mélanose colique – Constipation sévère – Elévation des transaminases – Insuffisance hépatocellulaire – Pancréatite.
  • Pulmonaires : Pleurésie – Pneumo médiastin.
  • Rénales : Insuffisance rénale fonctionnelle – Néphrolytiase – Néphropathie tubulo-interstitielle avec acidose tubulaire – Diabète insipide
  • Urologiques : Pollakiurie – Incontinence urinaire – Infections urinaires
  • Hématologiques : Leucopénie – Thrombopénie – Anémie normocytaire – Pancytopénie avec hypoplasie médullaire – Hyperagrégabilité plaquettaire – Schizocytose des globules rouges
  • Hydro électrolytiques : Hypokaliémie – Hyponatrémie – Hypoglycémie – Hypophosphorémie – Alcalose hypochlorémique.
FOCUS

Anorexie mentale avec ou sans sport

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire essentiellement féminin qui apparait le plus souvent à l’adolescence. Il entraîne une privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. L’anorexie est très souvent associée à des troubles psychologiques.

C’est un trouble des conduites alimentaires qui survient le plus souvent au moment de la puberté. Il se manifeste par un refus catégorique de s’alimenter normalement pendant une longue période, pour perdre du poids ou ne pas en prendre.

L’anorexie mentale se déclenche le plus souvent entre 14 et 17 ans, avec un pic de prévalence maximale à 16 ans.

► Pour en savoir plus : Anorexie mentale, un trouble essentiellement féminin, à la frontière de médecine somatique et de la psychiatrie (INSERM)

Evolution

L’anorexie reste une maladie mortelle avec 8% de décès, survenant par complications métaboliques, trouble du rythme ou arrêt cardiovasculaire.

La guérison de la triade clinique s’observe dans la majorité des cas (60%), mais la guérison des troubles psychologiques est moins constante (30% des cas). Les rechutes restent fréquentes (50%). Le pronostic clinique et évolutif dépend de la rapidité du diagnostic et de la prise en charge.

Tests cliniques

Le test EAT40 (ou sa version simplifiée) est validé pour dépister les troubles du comportement anorexique.

Prise en charge et traitement

Objectif : Retrouver un poids minimal normal et un goût pour l’alimentation et travailler sur les facteurs qui ont favorisé l’émergence de l’anorexie mentale.

La prise en charge doit être pluridisciplinaire, psychologique ou psychiatrique, diététique, et médicale.

L’instauration du traitement débute souvent par une hospitalisation pour instaurer un isolement. Cet éloignement agit comme une « cassure », et va permettre d’éliminer le cercle vicieux et les facteurs de survenue d’ordre familial.
La réalimentation sera progressive, en accord avec la patiente.

La correction des désordres métaboliques justifiera un traitement médical, pouvant parfois tenir de la réanimation selon l’état de santé de la patiente. Une thérapie familiale peut ensuite s’envisager pour établir la base de nouveaux rapports.

« L’anorexie le grand tabou du sport »

Une émission de France Télévision (Stade2 en février 2015), un reportage suivi d’un débat avec la participation en direct du docteur Patrick Bacquaert.

Rôle d’une activité physique dans la prise en charge

La restructuration du corps passe par une prise de conscience de l’utilité de « réutiliser » son corps. La socialisation que représente la pratique d’une activité physique en groupe est bénéfique.

Le réflexe alimentaire que cela doit représenter va dans le sens de la thérapie enfin la tonification des muscles agonistes et antagonistes renforce la fonctionnalité et permet une remise en route des régulateurs du métabolisme.

Il faut également signaler que l’activité physique renforcera la fixation du calcium afin de lutter contre l’ostéopénie induite par la longue période d’anorexie.

Signes somatiques de carence

  • Signes cutanés et phanères : blancheur de la peau, perte de cheveux, ongles cassants, hypertrichose et lunago (duvet cutané).
  • Déminéralisation osseuse exposant au risque de fracture.
  • Troubles de dentition, déminéralisation, dents déchaussées et chute de dents.
  • Troubles cardiovasculaires : Bradycardie, hypotension, hypo volémie, peau violacée, moite, œdème de carence autour des articulations (chevilles).
  • Yeux enfoncés dans les orbites.
  • Fonte musculaire.
  • Hypothermie.

Signes de gravité

  • Forme masculine est plus rare mais plus grave.
  • Existence d’épisodes associés de boulimie.
  • Forme pré pubertaire expose à un retard de croissance important et souvent irréversible.
  • Forme de l’adulte présente un risque d’évolution vers la chronicité.
  • Déni du trouble est un facteur aggravant.

Signes de gravité imposant l’hospitalisation

  • IMC < 14
  • Amaigrissement rapide et important.
  • Épuisement physique de la patiente.
  • Trouble de la conscience et de la vigilance.
  • Pression artérielle : PAS<80mmHg, PAD<50mmHg.
  • Bradycardie <50Btt/min.
  • Température corporelle <35.5°
  • ECG : anomalies électrocardiographiques.
  • Effort physique intense.
  • Diarrhée.
  • Maladie infectieuse, péricardite…
  • Prise de psychotrope (Steinhausen 1997, Apa 2000).

Biologie sanguine

  • Leucocytes <1500/mm3
  • Neutrophiles < 1000/mm3
  • Plaquettes < 50 000/mm3
  • Hypokaliémie < 3mmol/l (malgré apport per os de K+)
  • Natrémie < 125mmol/l ou >150mmol/l
  • Hypophosphorémie, Créatinémie >100µmol/l
  • Urée >15mmol/l
  • Taux de Prothrombine <50%
  • Elévation des Transaminases.

Pour aller plus loin

D’après certaines études, l’anorexie concerne près d’une athlète sur cinquante. Certains sports, dits « anorexigènes », sont plus à risques que d’autres.
« L’anorexie est un sujet très difficile à aborder en consultation, regrette Patrick Bacquaert, médecin-chef à l’Institut régional du bien-être, de la médecine et du sport santé du Pas-de-Calais. Peut-être parce que les médecins du sport ou d’équipes sont souvent des hommes et ont du mal à évoquer cette problématique avec leurs patientes. »

 

 

 

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