Cancer et sport

La Bobologie au quotidien, aux Editions IRBMS
Cancer et activités physiques

Le sport santé sur ordonnance a défini les contours d’un parcours de soin avec une prise en charge professionnalisée, sécurisé et adaptée.

L’activité physique, le sport ont un effet protecteur et préventif démontré vis-à-vis de plusieurs cancers.

Les bienfaits de l’activité physique en prévention primaire

Pratiquer une activité physique régulièrement entraîne une modification de son hygiène de vie et de son alimentation.

L’effet de l’exercice physique et de la pratique d’un sport joue donc un rôle direct et indirect sur le retentissement de l’espérance de vie, allongeant celle-ci de 6 ans en moyenne chez les actifs et sportifs grâce à la diminution d’apparition du nombre de la survenue de maladies chroniques dont de cancers.

Le conseil du doc by IRBMS

Les bénéfices de l’activité physique sont unanimement reconnus et la protection contre la survenue de cancers est l’un de ces bénéfices. Mais une bonne hygiène de vie associée optimise encore plus ces bienfaits avec, par exemple, la limitation de l’alcool, des graisses alimentaires et la surveillance du poids (IMC et tour de taille) et aussi l’abstention du tabac.

Bouger dès le plus jeune âge permet de garder tout au long de sa vie des bons réflexes de mobilité active.

Se mobiliser en famille ou avec des amis afin de bouger plus apporte beaucoup de plaisirs et en plus….c’est bon pour la santé.

Une activité physique adaptée mais efficace

Si l’on veut se protéger du cancer par la pratique de l’activité physique adaptée il faut un ensemble de critères :

  • Une durée suffisamment longue.
  • Une fréquence significative.
  • Une intensité au delà de 5METS/h avec pénibilité associant des séquences difficiles avec essoufflement ou/et un travail en résistance.

Le médecin doit prescrire ou conseiller des intensités et durées métaboliquement efficaces afin de relancer la biogenèse mitochondriale et de contrebalancer une insulino-résistance afin de favoriser une inhibition de la croissance cellulaire.

La posologie (durée/intensité/fréquence) doit être appliquée en fonction des objectifs.

En effet, on observe un effet dose/réponse de l’activité physique à chaque fois que l’on pratique. Avec une heure de plus par semaine on diminue de 6% le risque de développer un cancer du sein chez la femme (ménopausée). Ces chiffres seront adaptés à chaque cancer mais l’arrêt du tabac et la lutte contre l’obésité sont toujours recommandés.

L’activité physique et /ou le sport ont donc un effet protecteur et préventif démontré vis-à-vis de plusieurs cancers (sein, côlon, prostate). Mais les recommandations de l’OMS de 30 minutes par jour d’activité physique n’entrent pas dans ce champ de prévention, même si les effets de l’activité physique sont unanimement reconnus.

Incidence et mortalité des cancers en France par topographie.

Chez l’homme les 3 cancers les plus fréquents sont ceux :

  • de la prostate (35% des cancers)
  • du poumon (13% des cancers)
  • du colo-rectum (10% des cancers)

Chez la femme, en incidence, les 3 premiers cancers sont :

  • du sein (34% des cancers )
  • colo-rectaux (12% des cancers )
  • pulmonaires (7% des cancers )

Les résultats attendus par la pratique d’une activité physique adaptée : une réduction de la fatigue et le maintien d’un tonus musculaire

  • Le contrôle et l’amélioration du déconditionnement physique.
  • Le maintien et/ou la normalisation de la masse musculaire.
  • La réduction de la fatigue et amélioration du bien-être.
  • Amélioration de la tolérance aux traitements et une meilleure adhésion aux protocoles.
  • Réduction des effets néfastes des nausées chimio-immuno- induites
  • Allongement de l’espérance de vie et diminution du risque de récidive.

Les signes précoces accompagnant la maladie cancéreuse

Une fatigue centrale et périphérique inexpliquée et un amaigrissement de type sarcopénique en raison du passage de cytoquines secrétées par la tumeur dans le flux sanguin.

Dynamomètres

Les dynamomètres d’évaluation de forces seront utiles.

 

Pratiquer une activité physique, un exercice ou un sport

Cela permet de :

  • lutter contre le surpoids
  • limiter la consommation de tabac
  • limiter la consommation d’alcool
  • améliorer les qualités du sommeil
  • diminuer le stress
  • améliorer la qualité de l’alimentation
  • pratiquer un exercice ou une activité physique qui apporte un bien-être général permettant à l’organisme de mieux lutter contre toutes les agressions et l’apparition de maladies chroniques dégénératives dont certains cancers.

Mooc APA et Cancer

> Accéder au Mooc

Savoir prescrire, préconiser, organiser, proposer, suivre et accompagner des Activités Physiques Adaptées (APA) à chaque patient concerné en organisant un parcours de soins entre les acteurs identifiés et qualifiés pouvant prendre en charge votre patient, en utilisant un langage commun.

La prévention secondaire et tertiaire des cancers

L’activité physique comme thérapie précoce non médicamenteuse

Le traitement du cancer apporte, on le sait, des effets secondaires possibles et aussi une amélioration de l’évolution de la maladie. Il faudra donc prendre en compte ces effets secondaires pour adapter les protocoles de prise en charge.

Cependant l’effet secondaire dont se plaignent le plus souvent les patients atteints de cancer après chimiothérapie est la FATIGUE associée à une sarcopénie.

En effet de 60 à 95% des patients déclarent ressentir une fatigue même des années après la maladie.

 

L’activité physique diminue d’environ 20% le risque de survenue du cancer colon rectal et les mortalités seraient moindre chez les patients actifs

Mais cela est vrai pour de nombreux autres cancers.

L’activité physique rompt le cercle vicieux de la fatigue

L’activité physique adaptée en complément des traitements anti cancers apporte une amélioration de cette phase de fatigue.

De plus il a été démontré que l’activité physique avait pendant la phase de traitement un impact positif sur :

  • la recomposition corporelle dont la masse osseuse
  • l’adaptation cardio-respiratoire et donc la réathlétisation
  • la tonicité musculaire et l’équilibre avec une restimulation myotatique musculaire
  • la réduction de l’état dépressif
  • le sommeil, l’anxiété et l’image de soi donc sur le bien-être général
Votre médecin dit oui à l'activité physique

L’IRBMS vous informe

Le dispositif « sport sur ordonnance » peut vous concerner si vous êtes en ALD, parlez-en à votre médecin. Pour en savoir plus : Prescrire l’activité physique adaptée (APA).

Les critères de précautions…

… et les causes de l’intolérance de l’activité physique adaptée :

  • L’évolution des processus néoplasiques.
  • Les traitements (immuno, chimio, radiothérapie, chirurgie).
  • Le suivi dont les prélèvements et examens.
  • L’angoisse, les douleurs et l’amaigrissement.

Comment prescrire l’activité physique

Selon 2 critères :

  1. RAPS
  2. FITT ou IDF’S

Concernant les principaux bénéfices de l’activé physique sur la qualité de vie post maladie, on notera des effets favorables sur :

  • la masse corporelle et limitation /amélioration de la sarcopénie
  • la tonification musculaire et la réactivité myotatique
  • l’adaptation cardio-respiratoire et la VO2 max
  • le moral
  • l’estime de soi
  • la qualité du sommeil
  • la socialisation

… et bien d’autres

Activité physique post cancer

1. RASP

Rappelez-vous, toutes les pratiques doivent respecter le RASP comme :

  • R : Régulière
  • A : Adaptée
  • S : Sécurisante
  • P : Progressive

et de façon pérenne pour modifier durablement les habitudes de vie en association avec un changement du comportement alimentaire et l’arrêt du tabac.

La pratique physique de type RASP, à des intensités significatives et adaptées à la personne, apporte une réduction du risque de rechute des cancers, surtout pour le sein, le colon et la prostate, alors que pour les autres cancers l’activité physique adaptée en contribuant à réduire certains facteurs de co morbidité réduit la mortalité globale de la maladie cancéreuse.

Il faut favoriser l’adhésion des patients et utiliser les techniques de l’entretien motivationnel. Toute source de motivation est autant d’augmentation du taux d’adhésion.

2. FITT

  • F comme fréquence 2 à 3 fois par semaine
  • I comme intensité :travail de type endurance (aérobie) à une fréquence cardiaque de 60% à 70 % de la FC Max à 4 /7 MET /h puis travail à mobilisation énergétique… en réalisant tous les jours des étirements, un travail d’assouplissement et une relaxation
  • T comme temps 45 à 60 minutes avec 15 minutes de travail détente
  • T comme type d’activité endurance plus renforcement musculaire et travail en fractionné et assouplissement ( vélo, marche, cardio training, musculation etc..)
Dépense énergétique en fonction du type d’activité physique
Activité Dépense énergétique
Sédentaire moins de 1.5 met
Légère de 1.5 met à 2.9 mets
Moyenne de 3 mets à 5.9 mets
Élevée 6 mets et plus

Attention : les doses d’efficacité nécessitent une activité plus longue et plus soutenue pour le cancer du colon ( + de 18MET/heure/semaine).

Le protocole IDF’S Intensité, durée, fréquence et sécurisation.

L'APA pendant l'évolution du cancer

Suivez notre MOOC « maladies chroniques » avec son chapitre consacré à l’activité physique en cancer : https://www.mooc-sportsante.com

Une ordonnance type

Deux séances par semaines d’une durée totale de 150 minutes en travaillant l’endurance ou en effectuant une activité supérieure à 4 METS-H.

L’utilisation du MET/heure permet de quantifier l’effort favorable, ainsi une activité physique de plus 4 MET/heure est nécessaire.

Des études ont prouvé qu’une activité de 9 MET/H/semaine diminue significativement le risque de mortalité globale.

Retenez un effet dose/réponse qui améliore encore le pronostic évolutif.

Attention : le manque d’habitude en France d’utiliser le MET comme référence énergétique peut conduire à proposer des protocoles qui ne seront pas en phase avec la réalité du terrain, proposer un effort sollicitant 75 % de la FcMax peut aussi être mieux compréhensible.

En résumé si l’on veut se protéger du cancer par l’activité physique ou le sport, il faut en faire :

  • suffisamment longtemps
  • souvent

et avec des séquences variables avec pénibilité donc essoufflement et/ou en résistance musculaire.

Les points forts à retenir

En prévention primaire

  • Effet protecteurs sur certains cancers dont sein, côlon
  • Activités avec pénibilité au moins 5 heures par semaine (durée/intensité++)

En prévention secondaire

  • Diminue la fatigue, améliore la tolérance au traitement et l’estime de soi
  • Proposer une pratique mixte associant aérobie, tonification et relaxation
  • Modification des sécrétions endocrines des muscles et de la graisse

En prévention tertiaire

  • Prendre en compte le handicap post chirurgical
  • Bénéfices de survie
  • Favoriser la pratique en groupe pour améliorer l’observance

Les critères de précaution

  • Le statut cardio-respiratoire
  • La présence de métastases osseuses
  • Les cicatrices chirurgicales
  • Les reconstructions
  • Les effets secondaires des traitements comme les dermatoses

Les contre-indications

Celles qui apportent une modification sévère de la physiologie de l’organisme en lien avec la maladie cancéreuse ou en lien avec un effet iatrogène.

Exemples :

  • Embolie récente
  • Métastases lytique
  • Réaction de radiothérapie

Conclusion

La question n’est plus de savoir si l’activité physique est favorable pour la prévention des cancers, car la preuve est faite, mais quelles activités proposer pour obtenir un effet à long terme sur les comportements afin de limiter les conséquences médicales, sociales et économiques de la survenue de cancers.

Le sport santé sur ordonnance a défini les contours d’un parcours de soin avec une prise en charge professionnalisée, sécurisé et adaptée.
Personne ne peut s’improviser soignant post cancer. Une formation spécifique est requise, mais la prescription de l’activité physique qui nécessite une posologie adaptée en respectant les contre-indications permettra d’améliorer de façon significative le pronostic évolutif de la maladie cancéreuse.

La CAMI

Créée en 2000 par un cancérologue et un sportif de haut niveau, la CAMI Sport et Cancer est la première fédération qui développe et structure l’activité physique en cancérologie et en hématologie.

Visiter le site web : www.sportetcancer.com

Documentation scientifique

Variations de l’activité physique et des comportements sédentaires entre avant et après le diagnostic de cancer : résultats de l’étude de cohorte prospective NutriNet-Santé.

Medicine 2016 95(40):e4629 – Fassier P, Zelek L, Partula V, Srour B, Bachmann P, Touillaud M, Druesne-Pecollo N, Galan P, Cohen P, Hoarau H, Latino-Martel P, Menai M, Oppert JM, Hercberg S, Deschasaux M, Touvier M.

Lien sur l’article (en anglais) : www.ncbi.nlm.nih.gov

Traduction approximative (en français) : télécharger le document Pdf.

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