La pratique du sport de haut niveau n’endommage pas la santé mentale
Le Professeur Jean François Toussaint, Directeur de l’IRMES vient de nous rassurer : en effet contrairement aux idées reçues ou divers cris d’alarme nos sportifs vont bien !
Une étude épidémiologique diligentée par Karine Schaal vient de conclure que dans la plupart des cas le sport est plutôt protecteur pour la santé mentale loin des clichés qui décrivaient la pratique sportive comme responsable de tous les maux.
Certes, certaines pratiques dans des filières de haut niveau abusant de l’entraînement intensif spécialisé précoce génèrent encore des disfonctionnement avec des conséquences physiques et psychiques.
Madame Karine Schaal montre au contraire que les sportifs même s’ils peuvent déclencher quelques anxiétés à l’approche de la compétition sont moins dépressifs que la population témoin non pratiquante et que contre toute attente les troubles du comportement alimentaire sont moindres que pour la population non sportive.
Pouvons-nous louer le suivi médical des sportifs ?
C’est en fait l’environnement du sportif qui doit servir de protecteur vis-à-vis des perturbations psychologiques en sachant que le sportif est souvent mieux placé que tout autre pour gérer son stress grâce a sa grande capacité d’adaptation. L’auto gestion du risque semble donc être protectrice sans intervenant extérieur mais avec l’écoute du personnel éducatif global.
Cette étude permet donc de revenir au moins 15 ans en arrière quand les premiers décrets du suivi médical du haut niveau favorisaient le suivi physiologique en laissant aux médecins l’approche nutritionnelle et psychologique.
Les idées reçues ont donc la vie dure : le sport c’est donc bon pour le moral contrairement à ce que pourraient laisser croire certaines communications et le développement des propositions d’aide de tout ordre…
Les chercheurs de l’Institut de Recherche biomédicale et d’Epidémiologie du Sport (IRMES) qui ont suivi plus de 2 000 sportifs de haut niveau sont formels :
« la présence de troubles psychopathologiques n’est pas plus fréquente chez les sportives et sportifs de haut niveau que dans la population générale du même âge. »
Les résultats varient selon le sexe, l’âge et le sport pratiqué mais le sportif va mieux que ses homologues non sportifs. En effet les comportements agressifs et les abus addictifs ne sont pas, loin de là, une chose commune dans le sport et de plus il semblerait qu’avec un bon encadrement le sport serait même protecteur contre la dépression.
L’agressivité naturelle serait alors utilisée pour optimiser la performance et non pas réaliser des délits. Il reste à voir si dans le cadre de harcèlements de tout ordre les langues se délient facilement et que cette étude de ce fait sous-estime la réalité du problème ou au contraire vient contredire là aussi les idées reçues qui ont amené les autorités à lancer des campagnes spécifiques.
De nombreuses études internationales et rapports français avaient relayé les bienfaits dus de l’activité physique et/ou du sport dans un but de santé mais c’est peut être la première fois que l’on met de façon aussi explicite les valeurs du sport de haut niveau.
« L’anxiété généralisée affecte 6% des sportifs, contre 14% de la population française du même âge » explique-t-on à l’IRMES. « De même, la dépression majeure est moins fréquente chez les sportifs de haut niveau. Moins de 1% d’entre eux, contre 2,6% dans le reste de la population ».
Les médecins doivent toutefois tempérer cet optimisme naissant car l’on connaît la traumatologie induite par la pratique du sport qui peut mettre brutalement fin à des espoirs de médailles ou une carrière déstabilisant le sportif qui doit être aidé pour gérer ce traumatisme psychique, c’est d’ailleurs peut-être là que l’on attend plus une aide et un soutien psychologique à l’opposition du soutien du sportif bien portant.
Cette étude peut-elle apporter une modification du contenu du suivi médical du sportif en renforçant le rôle primordial de l’équipe d’encadrement sportif ?
Cette étude a le mérite de nous rassurer même si le sportif a besoin pour accéder à la performance de se dépasser, de passer beaucoup de temps sur les stades et de puiser dans toutes ses forces physiques et mentales .
Résumé de l’article (traduction google)
Peu d’études épidémiologiques ont mis l’accent sur la santé psychologique des athlètes de haut niveau. Cette étude visait à identifier les principaux problèmes psychologiques rencontrés au sein de français athlètes de haut niveau, et les variations de leur prévalence fondée sur le sexe et le sport pratiqué.
Méthodes
Des analyses multi variées ont été effectuées sur des données nationales obtenues à partir des athlètes chaque année des évaluations psychologiques.
Résultats
Un échantillon représentatif de 13% de la population athlète français a été obtenu. 17% des athlètes ont au moins un trouble récents ou en cours, le trouble d’anxiété généralisée (TAG) étant les plus fréquentes (6%), suivie par des non spécifiques troubles de l’alimentation (4,2%). Dans l’ensemble, 20,2% des femmes avaient au moins une psychopathologie, contre 15,1% chez les hommes. Cette prédominance féminine appliquée à l’anxiété et les troubles alimentaires, dépression, troubles du sommeil et des comportements autodestructeurs. Les taux les plus élevés du TAG est apparu dans les sports esthétiques (16,7% vs 6,8% dans d’autres sports pour les hommes et 38,9% contre 10,3% pour les femmes), la prévalence la plus faible a été constaté dans les sports à haut risque athlètes (3,0% vs 3,5%). Les troubles alimentaires sont plus courantes chez les femmes dans les sports de course (14% vs 9%), mais pour les hommes ont été trouvés principalement dans les sports de combat (7% vs 4,8%).
Discussion
Cette étude met en évidence des différences importantes dans la psychopathologie entre les athlètes masculins et féminins, ce qui démontre que les nombreuses différences fondées sur le sexe indiqué dans la population générale s’appliquent aux athlètes d’élite. Bien que la prévalence des problèmes psychologiques n’est pas plus élevée que dans la population générale, les variations de la psychopathologie dans différents sports suggèrent que les contraintes spécifiques pourraient influencer le développement de certains troubles.
Référence de l’article: Psychological balance in high level athjetes/gender-based differences and sport specific patterns . in PLoS ONE
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http://irmes.insep.info/
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