Prescription d’AP : les connaissances et besoins des médecins d’Ile-de-France

Le frein principal ne semble pas être un manque de temps en consultation mais plutôt un manque de formation.

En effet, les médecins généralistes jugent que la prescription d’APA est un concept pertinent mais sont demandeurs :

  • d’outils spécifiques : brochures, site internet d’aide à la consultation,
  • et de formations spécifiques sur la prescription médicale d’APA.

A savoir que les médecins généralistes pratiquants régulièrement de l’AP ou titulaires d’une compétence spécifique en médecine du sport sont plus enclins à en prescrire.

Pour rappel, les médecins traitants sont autorisés à prescrire de l’activité physique (AP) aux patients atteints d’affections de longue durée (ALD) depuis un décret paru le 30 décembre 2016 en vigueur depuis le 1er mars 2017.

Objectif de l’enquête

Évaluer les connaissances et besoins des médecins généralistes d’Ile-de-France concernant la prescription médicale d’AP.

Matériels et Méthode

  • Médecins généralistes en activité,
  • Exerçant majoritairement la médecine générale en soins primaires,
  • Hauts-de-Seine (92) et du Val-de-Marne (94),
  • Période d’inclusion : Août 2017 à Février 2018.
  • Recueil des données par un questionnaire,
  • Analyse statistique descriptive et analytique multivariée.
Figure 1 – Diagramme des flux

Figure 1 – Diagramme des flux

Résultats de l’enquête

Formation initiale

  • 84,2% des médecins la jugent non satisfaisante,
  • 77,8% déclarent ne pas avoir bénéficié d’une formation initiale concernant l’AP,
  • 16,4% ont une compétence spécifique en médecine du sport.

Formation continue

  • 81,6% des médecins n’ont suivi aucune formation spécifique en AP.
Figure 2 – Auto-évaluation des connaissances au sujet du conseil en activité physique

Figure 2 – Auto-évaluation des connaissances au sujet du conseil en activité physique

Figure 3 – Proportion de médecins estimant un bénéfice possible de l’activité physique adaptée, par pathologie

Figure 3 – Proportion de médecins estimant un bénéfice possible de l’activité physique adaptée, par pathologie

Une problématique quotidienne

  • 97,5% des médecins estiment parler d’AP lors d’au moins 1 consultation sur 4,
  • 69,6% des médecins abordent eux-mêmes le sujet dans 3 consultations sur 4.

Un impact sur la durée de la consultation

  • La consultation où l’AP est abordée dure plus longtemps pour 63,3% de l’échantillon,
  • Temps supplémentaire estimé à moins de 5 minutes pour 72% d’entre eux.

Ne fait pas l’objet d’une consultation spécifique

  • 63,9% des médecins ne font jamais ou rarement de consultations dédiée à l’AP.
Figure 4 – Type de patients chez qui l’AP est le plus fréquemment conseillée

Figure 4 – Type de patients chez qui l’AP est le plus fréquemment conseillée

Figure 5 – Type d'activité physique recommandée

Figure 5 – Type d’activité physique recommandée

Un concept connu

  • 84,8% des médecins ont entendu parler de prescription médicale d’AP ou de sport sur ordonnance.

Un concept pertinent

  • 61,4% des médecins jugent l’idée de prescrire de l’AP aux patientes pertinente.

Un sentiment de manque de compétence

  • 58,9% des médecins estiment ne pas avoir de compétence suffisante en la matière.
Figure 6 – Contraintes limitant la prescription d'activité physique

Figure 6 – Contraintes limitant la prescription d’activité physique

Figure 7 – Principales mesures favorisant la prescription médicale d’AP

Figure 7 – Principales mesures favorisant la prescription médicale d’AP

Les facteurs favorisant le sentiment de compétence en prescription d’AP sont :

  • Une compétence spécifique en médecine du sport (p < 0,01),
  • L’abord fréquent de l’AP en consultation (p < 0,001),
  • La pratique personnelle d’AP (p < 0,01).

Discussion

  • Sujet fréquemment abordé en consultation le plus souvent par le médecin.
  • Manque de formation initiale et continue,
  • Sentiment exprimé de manque de connaissance,
  • Bénéfices de l’AP encore peu connus dans certaines pathologies.
  • Personnalisation selon l’âge et la pathologie,
  • Mais pathologies chroniques non identifiées comme des cibles prioritaires.
  • Prescription médicale d’AP jugée pertinente,
  • Mais là aussi sentiment de manque de compétence.
  • La contrainte principale : le manque de formation.
  • Les mesures favorisant la prescription : les brochures d’information, un site internet d’aide à la prescription d’AP, et l’organisation de formations spécifiques.

Conclusion

La prescription médicale d’AP est un concept jugé pertinent mais la majorité des médecins estiment ne pas avoir de compétence suffisante principalement en raison d’un manque de formation.

Nous avons identifié trois mesures à prendre pour faciliter la prescription d’AP :

  • L’organisation de formations spécifiques sur l’AP,
  • La conception d’outils pour aider les médecins,
  • La promotion de la pratique d’AP chez les médecins.

 

* Cet article est un résumé de la thèse du Dr Alexis Astruc (Université Paris Descartes, Médecine générale, Doctorant) présentée le 13 avril 2018 (Dr Jean-Christophe Blanchard, Hôpital Corentin Celton, Réadaptation cardiaque, PH, Directeur de thèse). Les résultats de cette enquête ont été présentés lors du 11e Congrès SFMES/SFTS le 20 septembre 2018. Pour contacter l’auteur : alexis.astruc@yahoo.fr

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