Chronique du Président, le Docteur Michel Ducloux

Le but de notre bulletin est d’être un moyen de communication confraternelle permettant à chacun de tenter de répondre à ces trois questions, tout au moins sur le plan professionnel.

Je souhaiterais qu’il soit aussi un moyen d’échange interactif, de débat d’idées à propos d’article, chronique ou sujet d’actualité. Les motifs d’interrogations et de préocupations ne manquent pas, ne serait-ce que le devenir de la F.M.C. institutionnelle dont la stagnation actuelle est proprement scandaleuse.

Dopage et toxicomanie seront les deux temps forts de ce bulletin.

A l’évidence des analogies existent entre ces deux maux de notre société : motivations identiques d’affronter, pour les uns, les difficultés, les exigences de compétitions répétitives, d’échapper pour les autres aux incertitudes, à la précarité de l’existence; de se surpasser pour être toujours plus performant en masquant la douleur, de se défoncer pour trouver d’avantage de plaisir en oubliant la misère, de tricher avec la vie et la santé.

Ces paradis artificiels peuvent conduire l’un sur le podium, l’autre derrière les barreaux, mais les deux vers la déchéance et quelquefois la mort.

Mieux savoir où en sont ces problèmes L’analogie ne se limite pas aux comportements, mais se retrouve également dans les réseaux de trafiquants et les sources d’approvisionnements.

Dans la lutte contre le dopage, le médecin du sport bien formé doit tenir la place qui lui revient malheureusement trop souvent occupée par des soigneurs, des « bricoleurs de dopage », suivant l’expression de J-P. Escande, demeurer indépendant des directeurs d’équipes, ce qui devrait lui procurer un contrat obligatoirement visé par l’Ordre qui pourrait au passage s’assurer de sa compétence en médecine du sport.

La loi du 23/03/99, malgré le mérite indiscutable d’insister notamment sur la prévention et la formation spécifique des médecins du sport, présente une disposition contestable sur le plan déontologique car elle est une menace pour le secret médical et risque d’altérer le rapport de confiance qui doit s’installer entre le médecin et le sportif : l’obligation d’alerte médicale. Ce point risque de rendre la loi inapplicable car cette obligation ne sera pas appliquée dans la plupart des cas.

Quant aux toxicomanies dont la frontière est étroite avec le dopage, elles demeurent une préoccupation constante en raison de l’augmentation des polytoxicomanies et de l’apparition chaque jour de drogues nouvelles toujours plus nocives, en raison également des dérives, que nous avons déjà signalées, de l’utilisation et surtout des prescriptions irresponsables de Subutex à l’origine d’un traffic qui va à l’encontre de la vocation du produit. Que dire également du « triple associé » (Subutex, Rohypnol, Tranxène) conduite « thérapeutique » qui relève à l’évidence de l’article 40 du code de Déontologie : « le médecin doit s’interdire dans les investigations et les interventions qu’il pratique, comme dans les thérapeutiques qu’il prescrit, de faire courir au patient un risque injustifié ».

Devant les ravages que nous constatons chaque jour, de grâce cessons de parler de drogues dites « douces » et résistons à la tentation de la libération des amalgames.

Le 1er juillet 1999, les carnets à souche auront vécu et seront remplacés par des ordonnances séurisées. Il nous sera dès lors impossible de vérifier l’importance des prescriptions des produits stupéfiants et leurs destinées, de vérifier les connaissances des prescripteurs et leur formation dans le domaine des conduites addictives, leur appartenance à un réseau … Le Conseil d’Etat, par une décision rendue le 25 juin 1997, reconnaissait en effet au Conseil Départemental un droit de regard et de contrôle lors de la délivrance de carnets à souches.

Qui dorénavant effectuera ce nécessaire contrôle et les dérives actuelles ne risquent-elles pas de s’aggraver?

Qu’il s’agisse en définitive de dopage ou de toxicomanie, ce bulletin devrait permettre de répondre aux trois questions évoquées par Kant :

– mieux savoir où en sont ces problèmes ? – connaître d’avantage leur rôle, leurs responsabilités, notamment dans le cadre de la prévention – espérer par leur action éclairée contribuer à aider ceux qui risquent de céder aux tentations de produits illicites.

Lire aussi :

 

A
propos du Dopage
et de la nouvelle
Loi du 23/03/99
.

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