Le « Pot Belge », un cocktail explosif hautement néfaste pour la santé

Pot belge et dopage sportif

Le pot belge dépasse largement les limites du dopage et fait entrer le milieu sportif dans le trafic de l’usage des drogues.

Le Pot Belge, ou « pot des fous », est un cocktail explosif de plusieurs produits dopants et drogues.

Les effets de cette préparation sont parfaitement décrits par Willy Voet dans son livre intitulé « Massacre à la chaîne » suite à l’affaire Festina qui a éclaté lors du tour de France en 1998.

Le pot belge est un mélange de drogues

Les effets recherchés par les sportifs et les cyclistes en particulier reposent sur le principe même de ce cocktail, basé sur un mélange de drogues, d’amphétamines et d’antalgiques, provoquant un effet euphorisant, faisant disparaître la fatigue, et permettant sans jeu de mots à ces sportifs de retrouver un vrai coup de pédale.

Les effets pervers sont liés à l’ensemble des substances et à la composition du pot qui peut varier. Toutefois, le pot belge présenté dans une fiole est administré par injection. Douleurs sous les points d’injection, infections locales font partie des petits inconvénients. On retrouve également de violents maux de tête dans les suites immédiates de l’injection (d’où le nom de « pot des fous »).

Les effets secondaires sont eux directement liés à la présence de différents produits mais le danger le plus réel est le risque de dépendance et de toxicomanie. Le pot belge dépasse largement les limites du dopage et fait entrer le milieu sportif dans le trafic de l’usage des drogues. Son prix dépend des circonstances ; il varie entre 50 et 500 euros.

On peut citer Willy Voet qui déclare : « la dope ne sert pas exclusivement à s’imposer ; elle peut aussi aider à ne pas craquer ».

Le pot belge contient :

L’ensemble de ces produits est individuellement et tous ensemble interdits et figurent sur la liste des produits dopants et interdits, publiée par l’AMA et l’Agence Française de lutte contre le dopage.

Dépistage

L’ensemble des produits composant le pot belge sont facilement détectés dans les urines par la présence entre autres d’amphétamines et de cocaïne. Il s’agit donc surtout d’un pot utilisé lorsque les coureurs sont à l’abri de tout contrôle, ce qui devient très rare à notre époque.

Législation

La liste des produits interdits, publiée par l’Agence Mondiale Antidopage (A.M.A.) et par l’agence française de lutte contre le dopage, ainsi que l’Union Cycliste Internationale (U.C.I.), reprend la quasi-totalité des substances présentes dans le pot belge. Son utilisation expose donc à un contrôle positif.

Le cas particulier de la caféine qui ne fait plus partie des substances des méthodes interdites par l’AMA reste toutefois une substance soumise à un seuil de tolérance par l’U.C.I.

Retour sur l’histoire

En 1998, c’est l’année de la Coupe du Monde de football en France (France Championne du Monde) en juin et en juillet dont un centre à Lens, et le Tour de France qui part de Dublin (11/07 au 02/08. Vainqueur : Marco Pantani).

Le Docteur Patrick Bacquaert est chargé par le Directeur Régional de la Jeunesse et Sport de Lille d’une mission de surveillance du trafic des produits dopants en lien avec la brigade spéciale d’enquêtes douanières sous l’autorité de la Direction Régionale des Douanes.

Depuis quelques années de nombreuses prises de produits dopants en Nord Pas-de-Calais font penser à l’émergence d’un vaste trafic mais les autorités ministérielle ne donnent jamais suite à nos observations tant le dopage est un sujet tabou.

Contradictions

L’émission diffusée sur France Culture le 11 Juin 1998 où on entend que le dopage n’existe pas et qu’il reste marginal (Le corps entendu : le dopage, Antoine VIAL) un colloque organisée à Lille (Marcq-en Baroeul hôtel Sofitel) par les cardiologues du sport où les intervenants organisateurs d’événements sportifs ont le même langage : RAS sur le front du dopage. Pourtant il y a eu des affaires à Narbonne, Rennes, Reims, Poitiers ou Bordeaux mais il s’agissait de trafic hors monde sportif !

A Lille des voitures de soigneurs ou de kinés ont été « désossées » par les douanes pour rien sauf que dans l’une d’elles on trouve de nombreuses seringues servant à préparer des produits de massage !

Bref, fin Juin, toutes les douanes du Nord Pas-de-Calais sont en alertes avec le Docteur Bacquaert pour intercepter les voitures du Tour de France se rendant en Irlande et en particulier celles de formations du territoire Nord et Belge.

Par chance pour les douanes et la lutte contre le dopage et la malchance pour Monsieur Willy Voet qui passait par un chemin habituellement sans douanier, sa voiture a été arrêtée puisque identifiée « Tour » par la douane volante… On connaît la suite ou presque car les tribunaux n’ont pas mis en avant la véritable histoire du dopage mais seulement l’affaire Festina reprise dans de nombreux livres et déclarations qui occultent la part de responsabilité de tous les acteurs et ne lèvent pas les points d’ombre. On retiendra le 4 Juillet 1998 date de l’arrestation de Mr Willy Voet à la frontière entre la France et la Belgique. C’est le début de l’affaire Festina.

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Condamnations

Le parquet de Courtrai poursuit devant le tribunal correctionnel 19 inculpés, dont huit ex-coureurs cyclistes belges, pour avoir mis sur pied un réseau de vente de pots belges entre 2003 et juin 2007. Finalement, les produits dopants écoulés dans le peloton provenaient d’un centre hospitalier ou clinique, dérobés par une infirmière complice.

La justice Belge donne la formule complète :

  • benzylmethylketon (BMK),
  • formylamphétamine
  • amphétamines
  • 4-méthyl-5-fenylpyrimidine
  • DPIA ou di-beta-phenylisopropylamine

et précise que le pot belge a été négocié à 150 € .

Pot Belge en France : Monsieur C., considéré comme le principal pourvoyeur du « pot belge », dans la plus grosse affaire de dopage à ce jour du cyclisme amateur français, a été condamné à quatre ans de prison ferme par la cour d’appel de Poitiers. Cette condamnation accroît d’un an la peine qui lui avait été infligée en première instance, en juillet 2001. Ne s’étant pas présenté à la barre pour raisons médicales en mai 2001, lors du procès en première instance, son cas avait été disjoint de celui des 41 prévenus, coureurs, dirigeants et intermédiaires (15 d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison avec sursis). Seuls trois Polonais, absents à l’audience, avaient été condamnés par contumace à des peines allant de 3 mois à 5 ans ferme.

Apport scientifique

Patrick Mura et Yves Papet : Laboratoire de Biochimie et Toxicologie, CHU – BP 577 – 86021 POITIERS Cedex

Pierre Marquet et Gérard Lachâtre : Service de Pharmacologie et Toxicologie, CHU Dupuytren, 2, avenue Martin Luther-King – 87042 LIMOGES.

Claude Goubault : Service d’Explorations fonctionnelles, Physiologie respiratoire et de l’Exercice, CHU – BP 577 – 86021 POITIERS Cedex.

(Source : Le pot belge : compositions, contextes et finalités d’usage )

Cet article rapporte le bilan de deux années d’analyses de produits de saisies consécutives à la découverte du “pot belge”, un produit dopant largement utilisé dans le monde sportif, et en particulier dans le milieu du cyclisme. Cette pratique, qui existe depuis le début des années 1980, consiste à s’injecter en intramusculaire 0,5 ml de “pot belge”, avant, puis pendant la compétition. Les analyses ont été réalisées par chromatographic gazeuse couplée à la spectrométrie de masse, par chromatographic liquide haute performance avec détection à barrette de diodes et par chromatographic liquide couplée à la spectrométrie de masse.

Cinq types différents de “pot belge” ont ainsi pu être identifiés.

La caractéristique commune consistait en une très forte concentration d’amphétamine (14 à 52 mg/ml). Selon les échantillons, elle était associée à tout ou partie des substances suivantes : héroïne (12,5 µg/ml), cocaïne (2,3 à 9 µg/ml), éthanol, acide acétylsalicylique, carbasalate calcique, phénacétine, éthenzamide, butanamides et caféine. Les auteurs rapportent les circonstances dans lesquelles les sportifs peuvent être amenés à utiliser ce moyen de dopage, ainsi que les risques engendrés par une telle pratique compte tenu des concentrations observées pour chacun de ces produits.

Conclusion

Ainsi le pot belge a fait rentrer le monde du sport dans le milieu de la toxicomanie. S’en procurer ou le revendre, c’est un trafic qui rentre dans le cadre des affaires de stupéfiants. La prise régulière du pot belge peut entraîner une dépendance et une addiction transformant le sportif en toxicomane.

Quel que soit le nom donné à ce type de cocktail, sa composition en fait une bombe à retardement, hautement néfaste pour la santé.

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