Jeux de dope, jeux de dupes


Dans le mot « dopage », il y a « dope ». Le sportif est-il un toxicomane bien malgré lui ? La loi définit le dopage comme l’utilisation au cours des compétitions et manifestations sportives ou en vue d’y participer de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement la performance et inscrits sur une liste déterminée par arrêté.

Dans cette liste, nous retrouvons des substances ou des médicaments qui en fait sont simplement détournés de leur usage courant dans le seul but d’améliorer la performance.

Certaines autres substances ont malheureusement en plus des effets secondaires graves qui menacent la santé, voire la vie des sportifs.

Enfin, d’autres substances peuvent être classées dans la catégorie des narcotiques.

Les véritables facteurs qui favorisent le dopage sont essentiellement l’obligation de résultats, les enjeux économiques et la notoriété, la surcharge de calendriers sportifs, et l’intensité des charges d’entraînement. Pour un certain nombre d’autres sportifs, le dopage est utilisé pour modifier leur image.

Enfin, pour un faible nombre, le dopage rentre dans le cadre des habitudes de consommation de la société.

Un véritable réseau de « dealers » Le sportif dopé est rarement en rupture avec la société. Le médecin est exceptionnellement complice de la conduite dopante.

Enfin, l’athlète se livre très rarement à un trafic et à des actions coupables extra-sportives pour se payer des produits dopants.

Ce faisceau d’évidences permet d’éliminer tout rapport entre dopage et toxicomanie. Toutefois, les relations que nous avons avec les fonctionnaires de la police et surtout des douanes nous montrent que l’environnement du sportif se conduit à l’identique de l’environnement du toxicomane.

Un véritable réseau de « dealers », de trafiquants en tous genres s’est mis en place autour des sportifs de haut niveau et des salles de culture du corps. Les méthodes de passage en douane sont les mêmes que pour la toxicomanie : nous retrouvons le petit revendeur qui va de salle en salle et le trafiquant international qui n’hésite pas à passer par des filières de transports habituellement utilisées pour le trafic de la drogue.

A en croire les différentes saisies aux douanes, le commerce doit être rentable.

Nous retrouvons pêle-mêle des médicaments détournés, des produits fabriqués et des faux produits revendus avec des dilutions douteuses.

Dans ce combat que nous menons contre ce trafic, nous pouvons effectivement dire que dopage et toxicomanie, c’est un même combat.

Quelles solutions pouvons-nous apporter ? Comme toujours, il s’agit d’un savant dosage entre la prévention et la répression. Pourquoi interdire le dopage ? Pour préserver l’éthique du sport et les valeurs que le sport offre à tous et pour protéger la santé des sportifs.

Cette notion d’éthique spécifique aux conduites dopantes doit être différenciée du combat contre la toxicomanie.

Dans le milieu sportif, il n’y a pas de place pour la substitution qui serait contraire à toute éthique du sport. Certes, nous pouvons nous servir de l’expérience des médecins qui s’occupent de toxicomanie, mais il ne faut pas oublier que la pratique répétitive et soutenue d’un sport conduit elle-même à des formes de dépendance. Il est donc difficile dans le combat contre le dopage d’associer le sportif de haut niveau dont le seul but est de conserver son statut de haut niveau, et le sportif pratiquant le culte de son corps en salle qui devient dépendant et accro du dopage.

La cellule nationale de lutte contre le dopage, relayée par les cellules régionales, furent des lieux d’observation exemplaire ou étaient rassemblés médecins, police, dirigeants, juges, douaniers, etc …. L’Ordre des Médecins y était associé.

La nouvelle Loi semble avoir oublié ses structures indispensables pour maintenir une politique de prévention de qualité, associée à une répression ciblée sans faiblesse contre les trafiquants. Nous espérons que les décrets d’application rétabliront ces dispositifs essentiels dans toute politique de santé publique.

La prévention passe avant tout par une information objective et de qualité s’appuyant sur des travaux scientifiques avec consensus international et sur une réponse précise aux questions posées..

Pour le sportif de haut niveau, avons-nous réfléchi à notre part de responsabilité individuelle et collective vis à vis du dopage. Sommes-nous prêts demain à reprendre la formule de Coubertin, pour qui l’essentiel était de participer. Pouvons nous penser à notre responsabilité dans cette escalade vers la performance qui pousse l’athlète vers l’utilisation de conduite dopante. Faut-il encore tout faire pour aduler nos champions ou au contraire, faire la promotion d’un sport santé pour un esprit sain dans un corps sain ?

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