Marathon en 1 heure 59 minutes et 40 secondes, est-ce médicalement raisonnable ?

La Bobologie au quotidien, aux Editions IRBMS
Marathon : nouveau record, 1h59’40’’ soit 21,156km/h et 2’50’’ au km.

Marathon : nouveau record, 1h59’40’’ soit 21,156km/h et 2’50’’ au km.

La barrière mythique des 2 heures franchies sur le marathon. Une distance parcourue à 21,156km/h.

Après un premier échec le 6 Mai 2017 à Monza, l’athlète Kényan Eliud Kipchoge a réussi son pari le 12 octobre 2019 à Vienne, sur les bords du Danube, en parcourant le marathon en 1 heure, 59 minutes et 40 secondes. Ce record n’a pas été homologué car la course n’a pas été réalisée dans des conditions officielles.

Les faits sportifs

Un spectacle sportif avait été organisé, hors course traditionnelle, afin de permettre cet exploit.

Il s’agit d’un mixte de sport, spectacle, technologie, show, encadrement, ravitaillement, préparation, équipement. Une course type formule 1 dont le seul moteur repose sur la physiologie d’un homme et les pneus sont remplacés par des chaussures technologiques et l’habitacle par une armée de « lièvres ».

Bref un spectacle hors normes qui mérite l’admiration mais qui n’est pas à la portée de tous !

Les conditions idéales pour un record

Pour atteindre ce résultat il fallait associer un circuit rapide, une météo idéale et un sol sans « embuches » (comme pour les coureurs cyclistes) puis un public facilitant et aussi des voitures ouvreuses possédant des équipements techniques dédiés, un faisceau laser pour guider et maintenir la vitesse prédictive, des lièvres se relayant toutes les 4,8 km , un ravitaillement apporté sur « un plateau » et aussi des équipements étudiés dont des chaussures à semelles carbone.

A l’arrivée : 1h59’40’’ soit 21,156km/h et 2’50’’ au km.

Le record ne pourra pas être homologué car de nombreuses conditions de correspondent pas à celles d’une course. Mais la barre des 2 heures a été franchie !

Les faits physiologiques

Eliud Kipchoge a 35 ans, ce qui est le début d’un déclin pour la Vo2Max, donc le bon moment, d’autant qu’il est certainement capable de maintenir la fraction utilisable à un pourcentage très élevé (85% ?) ce qui permet d’éviter de rompre avec la filière aérobie « confortable ».

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La solution passe aussi par l’économie de course. C’est-à-dire la dépense énergétique utilisée pendant une course. Ici on fait confiance à l’expérience de Kipchoge pour optimiser au maximum la fluidité de son geste qui a certainement été aussi préparé en laboratoire et par analyses performantes.

Bref, la physiologie est prédictive d’un temps idéal réalisable qui dépend d’autres facteurs accessoires mais faisant gagner des précieuses secondes (économie de course, aérodynamique, etc.).

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Rôle potentiel de la chaussure dans la performance

De tout temps l’homme a essayé d’apporter des amélioration technologique (hors dopage) afin d’améliorer les performances sportives. Certaines ont été refusée par les instances sportives d’autres se sont définitivement installées dans le paysage sportif.

Exemples : la vitesse du vent qui a été mesuré en sprint avant une homologation de record, le vélo aérodynamique de Moser, la technologie des perches, le maillot une pièce des nageurs, la planche du sautoir en longueur ou triple, la cendrée qui a disparu au profit de sols rapides, la raquette de tennis adaptative, les terrains en synthétique, le profil des buts, etc.

Mais la chaussures a toujours été pour de nombreux sport au centre de « secrets » technologiques tant les enjeux sont importants et la lutte entre les équipementiers exacerbée.

Qu’apporte l’Alphafly ?

Dans le cas précis de ce record, la chaussure utilisée serait appelée Alphafly, contenant trois lames de carbone et quatre disques aérés sous l’avant pied. Peut-on dire que le record n’est donc pas physiologique mais technologique en reposant sur les chaussures ?

  • Le principal facteur favorisant, connu depuis longtemps, est le poids. En effet 100 grammes de plus font perdre de 1 à 3% de la consommation d’oxygène selon la vitesse. Soit un gain pouvant atteindre 5 minutes sur un marathon. Cela a d’ailleurs conduit à la mode des chaussures minimalistes qui, en changeant le déroulement de la foulée peuvent améliorer la performance et diminuer les contraintes. – Vérité démontrée qui finalement a conduit à la survenue d’autres contraintes médicales ! –
  • Le second facteur est la prévention des technopathies avec un amorti « dynamique ». Ce qui conduisit Nike à proposer des chaussures avec renfort en carbone en respectant un poids de 250 grammes. Les études réalisées par les Professeurs Kipp, Kram, Hoogkamer ont confirmé le gain possible de 3 minutes sur le marathon.

Qu’apporte l’Alphafly par rapport au Vaporfly certainement un plus technologique que de nombreux équipementiers aimeraient comme nous découvrir !

Conclusion

Non, réaliser un marathon en moins de deux heures n’est pas médicalement raisonnable mais possible pour des athlètes hors normes qui peuvent profiter d’un encadrement médical et technique coûteux et performant.

Le sport de haut niveau frôle, dans certains sports, avec le spectacle orchestré. Tout est fait pour apporter du rêve. Mais attention, pratiquer un marathon reste peu banal et nécessite une préparation adaptée et une connaissance des contraintes afin d’éviter les blessures et autres technopathies sportives.

Le sport doit rester pour le plus grand nombre source de santé, bien-être et convivialité. Car, comme le disait le Baron de Coubertin  « l’essentiel est de participer » !

Bougez pour votre santé !

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