Pubalgie du sportif, symptômes et traitement

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Pubalgie du sportif, symptômes et traitement

La pubalgie : en complément de la rééducation qui est de deux à trois mois, le footballeur devra progressivement reprendre le sport exclusivement dans l’axe, en dehors de tout jeu avec ballon.

Qu’est-ce qu’une pubalgie ?

Les symptômes de la pubalgie

« Syndrome pubien inguinal, du sportif, d’origine le plus souvent microtraumatique et en rapport avec une souffrance du canal inguinal. » J.-B. Courroy

La pubalgie est une douleur d’apparition progressive dont le siège est le bas-ventre, le pubis, voire les adducteurs. En effet, c’est une technopathie sportive avec inflammation de la symphyse pubienne, qui est une articulation pratiquement immobile en avant du bassin en regard de la vessie. On la retrouve fréquemment chez les footballeurs.

On retiendra, par exemple, le cas de Franck Ribéry, notre ancien footballeur de l’équipe de France, victime d’une pubalgie, qui l’éloigna de son meilleur niveau pendant plusieurs mois pour finalement faire partie des 23 joueurs sélectionnés pour disputer la Coupe du Monde de football 2010 avec l’équipe de France en Afrique du Sud. Depuis on connait sa carrière !

Il existe deux types de pubalgies

  • L’une correspond aux insertions sur le pubis, des muscles de la partie interne de cuisse : c’est la pubalgie des adducteurs.
  • L’autre correspond à une faiblesse de la paroi avec un déficit du mur postérieur : c’est la pubalgie pariéto-abdominale.

Le diagnostic positif repose sur l’échographie et l’IRM. Le signe le plus spécifique de tendinopathie est la fissure intratendineuse car les variantes asymptomatiques (tendinose, calcifications, érosions corticales) sont fréquentes chez le sportif.

Examen « Gold Standard » : l’IRM permet l’exploration de la symphyse pubienne à la recherche de signes d’ostéo-arthropathie mais aussi d’atteinte des structures musculo-tendineuses (tendons adducteurs, droits abdominaux) et du canal inguinal.

Historique

Cette maladie tendineuse a été décrite pour la première fois en 1932 par le Docteur Spinelli chez un escrimeur. Mais, elle a longtemps été évoquée comme la cause de nombreux maux sur la zone couvrant l’aine, le pubis et les adducteurs, jusqu’à ce que le Docteur Alain Durey et le Docteur André Boeda, spécialistes de la médecine du footballeur, la définissent plus précisément. Ils nous ont permis d’effectuer des diagnostics et traitements précoces afin d’obtenir de meilleurs résultats. En outre, grâce à leur travail, nous pouvons maintenant prévenir cette pathologie en préparant les sportifs de façon adéquate.

Les pathologies entraînées par la pubalgie du sportif

La pubalgie peut être le signe de diverses pathologies :

  • La pathologie du canal inguinal,
  • La tendinite d’insertion des adducteurs,
  • La maladie d’insertion des grands droits,
  • L’ostéoarthropathie pubienne microtraumatique.

Ces maladies sont interliées. La pubalgie n’implique pas uniquement une pathologie. En effet, elle implique une affection inguinale, un problème aux adducteurs et une ostéoarthropathie pubienne provoquée par la pratique du football quand il s’agit d’une véritable technopathie.

Le geste du footballeur

Le geste du footballeur / Source : SIMON A.,ROLLAND E., La hanche du footballeur, in RODINEAU Jacques et BESCH Sylvie, Pathologie du complexe pelvi – fémoral du sportif, 27e journée de traumatologie du sport de la Pitié – Salpêtrière / Edition Masson, 2009.-pp.107-113.

Le diagnostic médical d’une pubalgie

Le diagnostic médical d'une pubalgie

Il est relativement simple de diagnostiquer une pubalgie du sportif, puisque le footballeur vient consulter pour une douleur d’apparition progressive, rarement brutale, survenant après la pratique du football dont le siège est le bas-ventre, le pubis, voire les adducteurs.

Les irradiations de ces douleurs se font soit vers les muscles abdominaux, soit vers le périnée et les testicules. Aussi, ces douleurs peuvent être accentuées par la toux provoquée par les efforts de soulèvement ou par des mouvements brusques de flexion du tronc.

La douleur est le maître-mot de la pubalgie et provoque une impotence fonctionnelle totale, tant pour la pratique du football que dans beaucoup de mouvements de la vie professionnelle et vie personnelle.

Les examens de détection d’une pubalgie

L’interrogatoire

Le spécialiste va tout d’abord interroger le patient afin de de découvrir les facteurs potentiels liés aux douleurs ressenties, comme des changements concernant l’entraînement du sportif, une modification du type de terrain sur lequel se jouent les matchs, des chaussures inadaptées, etc. Les questions vont porter sur les maux au repos, pendant et après l’effort, en cas de toux, etc.

L’examen clinique

Une fois l’interrogatoire terminé, le médecin passe aux examens pour affiner son diagnostic.

Il va observer attentivement le signe de Malgaigne, la voussure de la région inguinale qui apparaît lorsque le footballeur gonfle le ventre. Les orifices inguinaux sont douloureux. Ils paraissent souples et élargis.

Ensuite, le spécialiste va effectuer une palpation de la symphyse pubienne à l’insertion des adducteurs et au niveau des orifices inguinaux pour détecter ou non la présence d’une douleur. Il doit réaliser un testing musculaire au niveau des : ischio-jambiers, adducteurs, psoas, rotateur de hanche, grand droit, etc.

Le médecin demandera au footballeur de lui décrire sa douleur pendant les tests. Pour cela, il utilisera la méthode du testing contrarié de l’ensemble des muscles palpés afin d’étudier la bilatéralité de la plainte. Toutefois, la douleur est souvent unilatérale.

L’examen de la statique au fil à plomb sur podoscope ou mieux sur une plateforme de posturologie, est également indispensable dans la recherche d’un conflit rachidien.

Les examens complémentaires pour détecter une pubalgie

Les radiographies

Cela concerne principalement la radiographie du bassin de face, debout, pieds nus et en appui sur un pied. L’on recherche ici une instabilité symphysaire. C’est pourquoi l’examen peut être complété par la recherche d’un dérangement intervertébral, grâce à un rachis lombo-sacré de face et de profil.

Les radiographies qui confirment la pubalgie sont celles que l’on retrouve typiquement lors d’une tendinite des adducteurs, avec irrégularité floue microgéode du rebord inférieur du pubis. Ces images radiographiques sont classées en 4 stades évolutifs :

  • I = simple encoche et réaction sans grande modification osseuse
  • à
  • IV = synostose pubienne ou décalcification sur le trajet des adducteurs.

L’imagerie

L’imagerie permet d’apporter des éléments complémentaires au diagnostic. Il s’agit de scanner, IRM, scintigraphieosseuse et échographie tendino-musculaire.

La biologie

Elle consiste en la recherche de principe d’un dysmétabolisme.

Petit rappel anatomique

La symphyse pubienne représente le lieu d’insertion des :

Muscles adducteurs. Ils forment un triangle à la face interne de la cuisse. Trois zones ou couches les composent :

  • Supérieure : avec le muscle pectiné, le moyen adducteur et le droit interne ; ils s’insèrent au bord inférieur du pubis.
  • Moyenne : avec le petit adducteur qui s’attache sur la branche supérieur du pubis.
  • Profonde : constituée par le grand adducteur qui naît plus en arrière sur la branche ischio-pubienne.

Muscles abdominaux. Ils sont formés avec le grand droit, le petit oblique, le grand oblique, le fascia trasversali et le transverse. Il existe dans cet ensemble de muscles abdominaux des orifices et anneaux dont l’anneau inguinal qui est compris entre deux faisceaux du grand oblique représentant une zone de faiblesse musculaire provoquant l’origine des pubalgies.

Diagnostic différentiel d’une pubalgie

Chez tout sportif, toute plainte peut nous amener vers un diagnostic erroné de pubalgie.

Il s’agit :

  • De pathologie de hanche,
  • d’accident aigu musculo-tendineux des adducteurs,
  • de fracture de fatigue,
  • de dérangement intervertébral,
  • d’arrachement épiphysaire chez l’enfant et l’adolescent.

Ou de pathologies :

  • Rhumatismale inflammatoire chronique type spondylarthrite ankylosante,
  • inflammatoire aiguë,
  • neurologique,
  • inflammatoire avec adénopathie.

Pubalgie : physiopathologie et aspects cliniques

Pubalgie, une blessure fréquente chez les footballeurs : Interview du Dr Alain Frey (INSEP) – Congrès IRBMS, 2018. Podcast publié en partenariat avec l’ESJ de Lille.

Comment soigner une pubalgie ?

On se rappelle qu’il s’agit d’une technopathie liée à la pratique du football, de temps à autre d’autres sports ou de gestes professionnels peuvent être mis en cause.

Le repos est complet en termes de pratique du football, d’une durée minimum de 3 à 4 mois : Sans repos, point de salut !

Le traitement de la pubalgie par ultrasons

Après ces semaines de repos complet, obligatoires pour un rétablissement optimal, la phase de traitement peut débuter. L’ultrasonothérapie est vivement recommandée pour ce genre d’affections. Cette méthode consiste à traiter les pathologies musculaires et tendinites par la diffusion d’ultrasons sur les zones souffrant de pubalgie.

Les vibrations générées par les ultrasons mettent en mouvement les molécules atteintes pour créer des mouvements similaires à des micro-massages. Ces derniers sont essentiels pour détendre et assouplir les tissus musculaires. En outre, les molécules en mouvement s’entrechoquent, ce qui génère de la chaleur, optimise les échanges intracellulaires et ainsi, favorise le drainage.

L’ultrasonothérapie est simple à réaliser et permet de traiter de nombreuses pathologies et ce sur différentes parties du corps. Pour ce faire, il est indispensable de se munir d’un appareil à ultrasons. En effet, ces derniers possèdent des programmes personnalisables adaptés au traitement de la pubalgie. Un certain nombre de modèles existe et il peut être ardu d’en sélectionner un parmi tous.

C’est pourquoi il est préférable d’analyser certains critères avant de prendre sa décision.

Quelques éléments de réflexion

Tout d’abord, il est primordial de se procurer un appareil possédant une fonction d’émission pulsée et continue pour un traitement complet. Il est préférable de se procurer un modèle avec deux fréquences (1 MHz et 3 MHz) afin de traiter la zone concernée en profondeur et en surface.

Ensuite, la puissance doit être suffisante pour garantir un soin efficace et rapide. 3 W/cm2 est un signe de qualité. La tête à ultrason doit impérativement être étanche afin de pouvoir utiliser du gel à ultrasons lors de certaines sessions. Son diamètre est également à prendre en compte, car il dépendra des parties du corps à traiter.

Un appareil à ultrasons comporte des programmes personnalisables en nombre variable et de différents types, selon les pathologies. Il est pratique d’acquérir un modèle possédant déjà les programmes à utiliser et ayant une mémoire suffisante dans le cas où l’on voudrait en créer de nouveaux. Puis, une option appelée « contrôle de contacte » est très utile, permettant de vérifier la bonne transmission des ultrasons directement vers la zone en question. Enfin, il existe des modèles portatifs, très ergonomiques.

Les différentes pathologies

Les appareils à ultrasons sont également indiqués pour le traitement d’autres pathologies telles que : les claquages, les entorses, la rupture du tendon d’Achille, l’arthrose, les contusions et bien d’autres. Par ses multiples usages, ce matériel médical est très apprécié. A lui seul, il possède des effets antalgique, décontracturant, anti-inflammatoire et fibrolytique.

Toutefois, il faut être vigilant concernant l’utilisation des appareils à ultrasons. Il n’est pas possible de les utiliser dans certains cas, comme chez les femmes enceintes, les personnes ayant reçu une greffe récente, souffrant de pathologies cancérigènes, de réflexes émoussés, de nécroses, nodules et autres lésions tuberculaires évolutives ou ne percevant pas correctement la chaleur. Il est aussi important d’éviter les zones proches des organes de reproduction, du cerveau et de la moelle épinière.

Les autres traitements

Ils dépendront des signes fonctionnels : antalgiques, décontracturants, anti-inflammatoires non stéroïdiens, kinésithérapie, mésothérapie, infiltrations, techniques de manipulation vertébrale, etc.

La rééducation et la reprise du sport après une pubalgie

La rééducation

Elle s’effectue en complément du repos : c’est la prise en charge indispensable. En effet, elle doit permettre non seulement grâce à l’électrophysiothérapie une cessation des douleurs, mais également prendre en compte une reprogrammation de la paroi abdomino-pelvienne. Il s’agit essentiellement de travailler en harmonie l’ensemble de la sangle abdominale, selon le protocole :

  • Renforcement des obliques, transverses et abdominaux,
  • Verrouillage lombaire actif,
  • Travail des adducteurs et des psoas.
Prise en charge de la pubalgie au Centre médical de Clairefontaine (F.F.F.)

La reprogrammation à l’effort

En complément de la rééducation qui est de deux à trois mois, le footballeur devra progressivement reprendre le sport exclusivement dans l’axe, en dehors de tout jeu avec ballon selon le schéma suivant :

  • 3ème semaine : piscine, vélo, marche,
  • 5ème semaine : petite course en ligne sans accélération,
  • 8ème semaine : retour sur le stade.

La reprise du football n’interviendra que si le résultat est satisfaisant avec une réadaptation progressive à l’effort et une récupération de la condition physique, et seulement par la suite le sport avec ballon, conduite de balle et véritable jeu du football. Ainsi, la reprise progressive adaptée et bien conduite évitera la récidive.

Le traitement chirurgical

De nombreuses méthodes ont été proposées mais c’est le Docteur NESOVIC qui, dès les années 80, a proposé une intervention ayant comme base de rééquilibrer ou de stabiliser la symphyse pubienne. Ceci étant, l’opération de la pubalgie n’interviendra que s’il y a eu échec à un traitement médical et kinésithérapique bien conduit.

Indications chirurgicales selon des recommandations générales

La chirurgie est requise en cas d’échec des protocoles médicaux et rééducatifs, et en l’absence d’évolution significative au bout de 3 à 6 mois.

Ténotomie uni ou bilatérale : Intervention chirurgicale consistant à sectionner un tendon (cordon de fibres par lequel s’insèrent les muscles sur les os) et geste d’allongement du long adducteur.

La rééducation post chirurgicale

Capitale pour obtenir un résultat parfait et une reprise du football post chirurgicale. On utilisera des techniques à visée antalgique au début, puis des techniques de rééquilibrage et de renforcement musculaire. Enfin une réhabilitation à l’effort terminera le programme.

Pour en savoir plus : Rééducation post-opératoire des Pubalgies

Comment éviter une pubalgie ?

Prévention

La survenue de pubalgie est due d’une part aux gestes techniques de la pratique du football, à une charge de travail importante, s’accompagnant d’ailleurs d’une spécialisation précoce.

  • L’hyperlordose, la raideur rachidienne et musculaire favorise les tractions et par là même des microtraumatismes au niveau du bassin et de la symphyse pubienne.
  • La prévention passera sur le dépistage des facteurs de risques : mauvais geste technique, mauvaise statique rachidienne, raideur par déficit d’étirements.
  • Par ailleurs, comme il s’agit d’une pathologie du carrefour pubien, un renforcement constant statique et dynamique des obliques et des grands droits sera conseillé.
  • Enfin, puisqu’un déficit de condition physique amène à une surcharge de travail, on conseillera un entraînement physique généralisé pour amener le sportif à posséder un niveau d’endurance supérieur à la moyenne. Les conseils d’hygiène de vie, d’étirements et d’hydratation seront également abordés.

Prévention des pubalgies en podologie

Une conférence proposée par Jérémie De Bonnières, podologue.

Conclusion sur la pubalgie du sportif

Véritable épidémie du footballeur en herbe des années 1980, bien heureusement les pubalgies sont devenues plus exceptionnelles grâce aux campagnes de prévention menées par les médecins du football, et aux professionnels éducateurs et entraîneurs de clubs.

Toutefois, il faut rester vigilant car le sport actuel, avec ses filières d’accès au Haut Niveau et les Centres de Formation des grands clubs « Pro » ne peut permettre à un jeune de rester éloigné du terrain pendant 3 à 6 mois, mettant fin très précocement à une future carrière de footballeur.

Le préparateur physique, le kinésithérapeute, le podologue, la diététicienne, le médecin du sport, jouent donc un grand rôle dans la prévention de l’apparition des pubalgies, qui touchent en priorité les footballeurs, mais également les escrimeurs, les handballeurs, les tennismen, et certains non-sportifs dans leur vie professionnelle.

La Pubalgie du sportif : approche thérapeutique et préventive du footballeur professionnel.

Mémoire présenté par GRAIRI Karima, en vue du titre de Master en kinésithérapie, sous la direction du Docteur P. Bacquaert et de E. Panchaud.

Surmédiatisé, le football est le sport le plus pratiqué dans le monde. En 2006 la FIFA a recensé que plus de 4% de la population mondiale pratiquait ce sport. Le milieu professionnel compte 113 000 licenciés au niveau mondial.

Il s’agit d’une véritable institution : les enjeux financiers concernent non seulement le sport en lui-même, mais aussi tous ses dérivés qui ont d’immenses impacts marketing et publicitaires. C’est pour cette raison que les joueurs professionnels sont contraints à garder en toutes circonstances un niveau optimal de jeu . Des entraînements constants et abusifs associés à un calendrier de matches surchargé impliquent auprès des footballeurs un surmenage. Chez les morphotypes prédisposant, c’est ce surmenage qui est à l’origine de pathologies telles que la pubalgie.

Cette dernière est sujette à de nombreuses controverses. En effet, le débat fait rage dans la communauté scientifique. Dans la littérature, les avis divergent quant à la définition et la nosologie de la pubalgie. Ce mémoire bibliographique a pour but d’esquisser une réponse à la question suivante : Quel est le panorama thérapeutique à la disposition du kinésithérapeute pour pallier cette atteinte ?

Pour aller plus loin

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