Les véritables contre-indications à la pratique du sport chez l’enfant

Les contre-indications à la pratique du sport chez l'enfant

Le sport chez l’enfant doit, tout comme pour les adultes, se faire sous une certaine surveillance.

L’environnement familial joue beaucoup sur les conditions de pratique sportive de nos enfants.

Le rôle des parents

En effet, si les parents veulent réaliser leurs rêves à travers leurs enfants, ils pousseront quelquefois de façon abusive leur descendance vers une pratique sportive intensive pouvant être source de saturation psychologique, voire de problèmes médicaux.

En revanche, si les parents ne sont pas autrement sportifs qu’à travers leur poste de télévision, les enfants profiteront de ce manque de motivation pour obtenir des certificats de contre-indication à la pratique du sport, qui ne sont pas toujours médicalement justifiés.

Nous allons aborder quelques points particuliers, permettant quelquefois de couper court aux idées reçues.

Sommaire

Les maladies de croissance

Si le terme « maladie » est retenu en tant que tel par les médecins, il s’agit plus d’incidents de parcours que de véritables maladies.

Ces problèmes de croissance touchent de nombreuses articulations. Les plus connues sont celle touchant le talon, appelée « Maladie de Sever », ou celle touchant le genou, appelée « Maladie d’Osgood-Schlatter ».

Ces maladies de croissance surviennent, comme leur nom l’indique, entre 7 et 15 ans, pendant la croissance des garçons et des filles. Toutes s’expriment initialement par une douleur gênant la pratique sportive.

Il n’est toutefois pas prouvé qu’il y ait plus de maladies de croissance chez les sportifs que chez les non-sportifs. Toutefois, une pratique sportive intensive de plus de 5 heures par semaine génère certainement une recrudescence des plaintes douloureuses.

La plupart des maladies de croissances peuvent contre-indiquer temporairement ou définitivement pour un temps variable la pratique du sport responsable, mais non pas une pratique plus ludique, type natation, vélo ou autre. Souvent d’ailleurs, tout rentre dans l’ordre avec un simple repos et ces maladies ne représentent en aucun cas une contre-indication à la pratique du sport à l’école.

Tout au plus, le médecin surveillera l’évolution clinique et radiologique en donnant des conseils de bonne pratique sportive.

On peut retenir parmi ces maladies de croissance une maladie plus particulière qui touche le rachis dorsal, appelée « Maladie de Scheuermann ». Celle-ci, à l’évidence, nécessite une attention toute particulière.

Il ne faut pas confondre maladie de croissance et ostéochondrite de croissance qui, à l’évidence, évolue vers des pathologies pouvant être beaucoup plus destructrices pour l’articulation. Ces ostéochondrites de croissance sont en fait des véritables contre-indications à la pratique du sport en loisir et en compétition.

Les troubles de la statique rachidienne

On distingue plusieurs troubles de statique rachidienne dont la scoliose et la cypholordose.

La scoliose est représentée par une déviation latérale à ne toutefois pas confondre avec une attitude scoliotique qui est plutôt due à un trouble du maintien. Cette scoliose ou cette attitude scoliotique peuvent s’accompagner d’une bascule du bassin, c’est-à-dire une inégalité des membres inférieurs, qui peut être compensée dès lors que l’on atteint, selon les médecins,
entre 5 et 10 mm.

La cyphose et la lordose sont des déviations des courbures pouvant être, tout au moins pour la lordose, aggravées par la pratique du sport. Le médecin se doit de surveiller ces déviations vertébrales, qui peuvent apparaître dès l’âge de 8 ans ; le plus souvent, une scoliose mineure, une attitude scoliotique, une cyphose ou une hyperlordose ne contre-indiquent en aucun cas la pratique du sport à l’école, voire en compétition.

Les troubles de la statique rachidienne nécessitent une surveillance annuelle ou biannuelle en période pubertaire. Toutefois, quelques scolioses graves nécessitant une prise en charge par le port d’un corset méritent une adaptation certaine de pratique sportive. Il reste néanmoins que la pratique de la natation reste pour la plupart du temps autorisée.

Mais d’autres sports peuvent être pratiqués sous surveillance médicale.

Les problèmes de poids chez les enfants

Attention à l’obésité et au surpoids car 20% des adolescent·es sont en surpoids (Source : DREES – août 2019).

La solution, les inciter à bouger plus pour lutter contre :

  • La sédentarité
  • L’inactivité physique
  • La mauvaise nutrition

Il faut porter une attention particulière aux problématiques des jeunes filles. En effet, dans une nouvelle étude de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) publiée le 21 novembre 2019 dans la revue The Lancet Child & Adolescent Health et fondée sur des données provenant de 1,6 millions d’élèves recueillies entre 2001 et 2016, 85% des filles et 78% des garçons n’atteignent pas les recommandations de l’OMS, avec en France, 92% pour les filles e t 82% pour les garçons.

En France, selon l’ONAPS, 56,9% des filles de 11 à 17 ans ont un niveau d’activité physique considéré comme faible, contre 40% des garçons du même âge. La différence existe déjà, mais est moins marqués, chez les enfants de 3 à 10 ans (26% de filles contre 29% de garçons). (Lire notre étude by IRBMS : Évaluation du niveau d’activité physique des lycéens en Nord-Pas de Calais – 2013).

L’obésité peut faire surgir un déficit de l’estime de soi posant des problèmes vis-à-vis de la tenue sportive et donc freinant les pratiques. Il faut donc chez ces enfants et adolescents favoriser les déplacements actifs et l’exercice physique au quotidien selon les recommandations de l’OMS (60 minutes par jour). (Source : OMS, Recommandations mondiales de l’activité physique – Pdf).

  • 1. Les enfants et jeunes gens âgés de 5 à 17 ans devraient accumuler au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à soutenue.
  • 2. Le fait de pratiquer une activité physique pendant plus de 60 minutes apporte un bénéfice supplémentaire pour la santé.
  • 3. L’activité physique quotidienne devrait être essentiellement une activité d’endurance. Des activités d’intensité soutenue, notamment celles qui renforcent le système musculaire et l’état osseux, devraient être incorporées au moins trois fois par semaine.

A l’inverse l’anorexie peut aussi être la contre image de l’obésité. Sa prise en charge est complexe et demande souvent de la patiente et de l’attention autours d’une équipe pluridisciplinaire.

Tout le monde le comprend, mais beaucoup de parents demandent à ce que ça ne se passe pas dans le cadre du sport à l’école. C’est une grave erreur, mais c’est vrai que les structures ne sont pas toujours adaptées à recevoir ce type d’enfants ou d’adolescents.

Le médecin surveillera l’indice de masse corporelle, avec une échelle spéciale enfants et adolescents afin de surveiller l’évolution de l’obésité ou de la maigreur. On doit encourager en tout état de cause la pratique de la natation, du vélo, de la marche rapide, voire même certaines activités de type fitness comme le cardio-training ou le renforcement musculaire. L’endurance en général est bonne pour la santé.

Bien entendu, en complément de la pratique sportive, une prise en charge nutritionnelle reste indispensable.

Les douleurs de genou

Les statistiques rectorales sont à priori toutes d’accord pour préciser que les contre-indications à la pratique du sport à l’école les plus fréquentes correspondent aux gonalgies des jeunes filles, qui se plaignent de douleurs surtout lors de la pratique de l’endurance.

Ces douleurs correspondent en fait à une morphologie particulière de la jeune fille, qui a tendance à avoir des rotules qui se décentrent par rapport aux garçons qui ont plutôt des rotules qui se recentrent.

Les rotules moins bien centrées glissent donc ver l’extérieur en enflammant le cartilage et en provoquant une douleur. C’est pour cela que lorsqu’on n’est pas habitué à pratiquer un sport, ces douleurs sont directement mises en relation avec la pratique du sport, et l’enfant ou l’adolescente demande de ne plus pratiquer ce sport.

En définitive, il s’agit d’une grande erreur, puisque améliorer la force musculaire, travailler l’endurance, travailler la coordination des muscles du quadriceps permet de mieux centrer la rotule et d’éviter les douleurs futures.

Le médecin doit remplir son rôle éducateur et s’efforcer de ne pas proposer de certificat contre-indiquant le sport à l’école. Il doit au contraire faire comprendre qu’une pratique sportive progressive avec course à pied en ligne, palmage en piscine, voire vélo dans certaines conditions, est un bon traitement pour ces douleurs de rotule.

Il suffit d’éviter quelques exercices simples comme la marche en canard, les efforts d’accroupissement ou se mettre à genou. Le diagnostic de ces syndromes fémoro-patellaires est relativement facile ; le médecin peut s’aider d’examens radiologiques, voire de la réalisation d’un scanner avec étude des pentes rotuliennes. Le port de genouillères peut solutionner ce problème et aider à la pratique du sport.

Les contre-indications cardiaques

Il est souvent détecté, lors d’un examen de médecine scolaire ou de médecine sportive, l’apparition d’un souffle.

Souvent, ce souffle est anodin, et correspond à une simple désadaptation provisoire due souvent à des turbulences dans les vaisseaux cardiaques, en rapport à une mauvaise adaptation de la taille des vaisseaux par rapport aux cavités cardiaques pendant la croissance.

Ces souffles dits anorganiques ou non pathologiques, sont très facilement différenciés des autres souffles cardiaques qui méritent bien entendu un traitement beaucoup plus spécifique avec l’aide d’un spécialiste.

Quand le souffle est bénin ou anodin, il n’y a aucune raison de contre-indiquer le sport à l’école ni d’ailleurs en compétition.

On peut se rassurer en réalisant un bilan cardiaque complet et une échographie cardiaque qui permettra de voir non seulement le bon fonctionnement du cœur mais également la taille des cavités cardiaques. Cet examen permettra de rassurer totalement les parents et les enfants.

Le bilan cardiaque est d’ailleurs obligatoire lorsque l’enfant entre en filière de pratique sportive de haut niveau.

Diabète et sport

Un diabète bien équilibré ne contre-indique en aucun cas la pratique du sport loisir ou compétition. Bien entendu, une alimentation adaptée sera proposée, ainsi qu’une surveillance attentive de l’équilibre de ce diabète et de la régulation du traitement.

Les enfants diabétiques semblent pratiquer eux-mêmes l’auto surveillance avant et après l’effort. L’enfant connaît également le problème de la pratique sportive puisqu’il sait que sa glycémie va diminuer par la consommation d’énergie pendant l’effort.

Il n’existe donc pas de contre-indication particulière pour les diabétiques équilibrés. On rappellera simplement qu’un enfant sportif diabétique peut pratiquer toutes les compétitions même celles de très haut niveau. De simples précautions de surveillance sont à prendre, avec une éducation alimentaire particulière. Dans le cadre d’une pratique sportive de compétition, il sera toutefois nécessaire de consulter un médecin du sport pour se mettre en conformité par rapport à la loi dopage.

L’asthme et le sport

Il est difficile de détecter les équivalents de l’asthme chez l’enfant. Il sera même statistiquement prouvé qu’il y a beaucoup d’enfants asthmatiques qui s’ignorent. Dans la majorité des cas, l’asthme n’est pas une contre-indication à la pratique du sport à l’école ou en compétition.

Bien au contraire, le sport est conseillé, sauf dans le cas très rare d’asthme d’effort. On peut toutefois constater l’apparition de crises d’asthme lorsque la pratique sportive est réalisée dans certaines conditions atmosphériques. Il s’agit d’efforts intenses, lorsque l’air est trop sec, ou lors de situations de pollution atmosphérique particulière. En tout état de cause, il est possible de prendre médicalement en charge cet asthme pour permettre une pratique sportive. On sait toutefois que la plupart des traitements pour l’asthme fait partie des produits dopants interdits.

Dans ces conditions, le spécialiste doit réaliser ce qu’on appelle un A.U.T (autorisation d’utilisation thérapeutique) simplifié pour permettre à l’enfant de pratiquer le sport en compétition. On conseille à tous les enfants sportifs de garder sur lui ou dans son sac de sport le médicament à prendre en inhalation en cas de crise. Bien entendu, l’entourage ou le professeur de gymnastique doit être averti de cette possibilité.

L’échauffement doit être plus long, progressif, et discontinu, en continuant par le nez, pour réchauffer et humidifier l’air respiré. 

Croissance et sport

La question la plus souvent posée est celle du décalage ou de la limitation de la croissance dans la pratique sportive. A ce jour, aucune étude scientifique n’a prouvé que le sport, même pratiqué à haut volume n’a une répercussion sur la taille future de votre enfant. Toutefois, il a été prouvé que dans certaines conditions de pratique, la croissance pouvait être décalée de plusieurs mois voire de plusieurs années. Il s’agit donc d’enfants qui auront une taille adulte normale mais qui possèdent par rapport aux autres enfants un retard de l’âge osseux.

Le problème posé est également celui de la puberté. Est-ce que la pratique sportive modifie l’apparition de la puberté ? On peut s’interroger sur cette question et rester très vigilant.

Enfin, chez la fille, il est certain qu’un haut volume de pratique modifie l’apparition des règles et peut provoquer des aménorrhées pouvant conduire à des incidents gravissimes non seulement sur l’équilibre hormonal, sur les futures grossesses mais également sur la solidité du squelette.

Les sports d’endurance sont les plus exposés à ce phénomène de troubles hormonaux.

Le sport possède beaucoup de vertus mais l’excès est toujours nuisible.

Les autres contre-indications

Un enfant souvent enrhumé ou ayant à répétition des problèmes O.R.L. peut éventuellement être contraint de temps à autre à ne pas pratiquer de sport. Globalement, ces phénomènes infectieux répétitifs ne sont pas des contre-indications à la pratique du sport loisir ou compétition ; mais le sport peut à haute dose diminuer les défenses immunitaires de l’organisme.

Les problèmes de vision représentent des conditions de pratique pouvant être adaptées avec lunettes, lentilles de contact, intervention correctrice, mais il n’existe pas fondamentalement de contre-indication réelle. Seuls certains sports nécessitent une attention particulière.

Les eczémas peuvent être également une gêne à la pratique sportive. Un cas particulier peut être représenté par l’excès de transpiration. Dans ce cas effectivement, un traitement spécifique devra être donné, une évaluation sera faite au cas par cas.

Les enfants présentant un handicap ne doivent pas être privés de pratique sportive, loisir ou compétition. Il faut pouvoir les intégrer dans le groupe, et adapter des propositions de pratique à leur handicap.

La pratique sportive chez la jeune fille peut être adaptée en raison de problèmes gynécologiques ou de règles douloureuses. Un spécialiste doit toujours être consulté.

Conclusion

La pratique d’activités physiques loisir ou sportive est utile au développement physiologique et psychologique de l’enfant. Il est donc nécessaire de respecter les différentes étapes de la croissance, sans imposer à l’enfant un sport compétitif trop précoce et nocif pour la santé.

Le sport à l’école reste pour la plupart de nos enfants une activité autorisée qui souffre malheureusement de trop nombreux certificats de contre-indication de bienveillance. Bougez, c’est la santé®, faire du sport à l’école, c’est participer avec les autres à l’éveil de son corps, et la meilleure façon d’être bien dans sa tête, c’est également d’être bien dans son corps. 

Conséquences ostéo articulaires chez l’enfant d’une pratique sportive intensive
Diaporamas Sport chez l'enfant
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Auteur(s) : Professeur Bernard Herbaux / Version : 2005
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Toute pratique sportive comporte des risques. Quels sont les dangers ? Peu de sports sont indemnes de conséquences ; Nécessité d’une pratique équilibrée préservant l’avenir ; Préférable d’éviter les activités en résistance ou en anaérobie pour privilégier l’endurance base de tout entraînement physique chez l’enfant.
Ostéochondrite disséquante du genou chez l’adolescent sportif
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Auteur(s) : Dr Eric Nectoux / Version : 2010
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